Agacés par la réapparition de Sarkozy, les ministres chargent l'ancien président

Publié à 12h59, le 06 mars 2013 , Modifié à 20h47, le 06 mars 2013

Agacés par la réapparition de Sarkozy, les ministres chargent l'ancien président
Nicolas Sarkozy et François Hollande pour la passation de pouvoir le 15 mai 2012 (Maxpppp)

MITRAILLETTE - L'arlésienne du retour de Nicolas Sarkozy agace manifestement un peu au gouvernement. En sortie de conseil des ministres et lors compte-rendu ce 6 mars, les ministres ont saisi toutes les occasions possibles pour railler l'ancien chef de l'Etat. Morceaux choisis.

> Cécile Duflot, pas dupe

"Le retour de Nicolas Sarkozy vous inspire-t-il une réaction ?", lui demandent les journalistes à sa sortie du conseil. La ministre du Logement ne s'arrête pas mais lance :

J'en pense qu'à 17 mois, on ne va pas à l'école !

Dans l'article de Valeurs actuelles, qui rapportent des propos de l'ancien président, ce dernier explique en effet : 

Il y aura malheureusement un moment où la question ne sera plus : “avez-vous envie ?” mais “aurez-vous le choix ?” [...] Dans ce cas, je ne pourrai pas continuer à me dire : je suis heureux, j’emmène ma fille à l’école, et je fais des conférences partout dans le monde.

Dans ce cas, effectivement, je serai obligé d’y aller. Pas par envie. Par devoir. Uniquement parce qu’il s’agit de la France.

> Najat Vallaud-Belkacem, opportune

Interrogée sur un éventuel retour lors de son point presse, la port-parole du gouvernement lance une réponse manifestement ciselée. Après un "ppff" tout à fait audible, Najat Vallaud-Belkacem fait mine de ne pas répondre ... avant de répondre par l'humour :

Ce n'est pas dans nos préoccupations ... sauf si Monsieur Sarkozy est candidat pour signer un contrat de génération.

Rappelons que le contrat de génération, qui est en train d'être mis en place par le gouvernement, permet à un jeune d'être embauché en CDI s'il est drivé par un senior jusqu'à son départ en retraite.

> Najat Vallaud-Belkacem, deuxième couche

Plus tard lors du point presse, la porte-parole se saisit d'une question sur un tout autre sujet - la une de L'Express jugée misogyne par certaines femmes politiques - pour tancer une nouvelle fois Nicolas Sarkozy.

La ministre tient à rappeler que l'égalité homme-femme est loin d'être atteinte puis, visiblement préparée, décide de rappeler les propos de "l'inimitable prédécesseur du président de la République" tenus un 8 mars, journée de la femme :

Il avait dit : "Les droits des femmes c'est bien sympathique mais il va falloir passer à l'essentiel".

Non, les hommes et les femmes n'ont pas la même vie aujourd'hui !

Le 8 mars 2011, Nicolas Sarkozy avait dit plus précisément que la journée de la femme était "sympathique" mais qu'il "faudrait parfois qu'on se concentre sur l'essentiel". Ajoutant :

L'essentiel, c’est de trouver du travail pour les hommes et les femmes, une possibilité de promotion sociale pour les deux (...)

Aujourd’hui d’ailleurs, la vie des femmes ressemble à la vie des hommes, les choses ont changé considérablement, considérablement. Toutes les femmes veulent travailler, souhaitent travailler, souhaitent être autonomes.

> Pierre Moscovici, serious business

Dans Valeurs actuelles, Nicolas Sarkozy prédit "une crise sociale et une crise financière d'une violence rare". L'occasion pour Pierre Moscovici à la sortie du conseil des ministres de s'en prendre au bilan économique de l'ancien président :

Il a laissé une France avec une croissance de 0%, en cinq ans 600 milliards de déficit en plus, un million de chômeurs en plus et un déficit au-dessus de 5%.

Nous menons une politique de redressement et s'il y a redressement, c'est parce qu'il y eu dégradation, et il parle en expert.

 [Mise à jour, 20h30] En fin de journée, ce mercredi, deux autres ministres ont également abondamment commenté cet article de Valeurs Actuelles.

> Michel Sapin,au bazooka

Le ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social réagit en ces termes :

Je croyais qu’il avait pris cette décision [de revenir en politique] après avoir entendu monsieur Fillon dire qu’ils étaient tous les deux égaux […] Il est incorrigible, c’est lui-même, on le reconnait […] il parle peut être à tort et à travers.[...]

C’est très difficile, je le comprends, d’avoir été et de vouloir toujours être quelque chose […] Quand on est battu, on revient comme les autres, on n’est pas plus que les autres. Quand on a eu des responsabilités on essaye d’avoir un jugement pointu, un jugement acéré, ce qui ne m’a pas semblé être le cas lorsqu’il a parlé de l’intervention de la France au Mali 

Et ce proche de François Hollande de répondre à Nicolas Sarkozy qui déclare, pour critiquer la guerre au Mali, "la règle, c'est qu'on ne va jamais dans un pays qui n'a pas de gouvernement"

En Libye il y avait un gouvernement ? […] Il parle sans penser. Il parle uniquement avec l’envie de critiquer son successeur. Cela ne suffit pas. Je le crois blessé.

> Manuel Valls pense à l'UMP

Enfin, sur France 5, Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, estime que "c'est beaucoup trop tôt" et que ces déclarations pénalisent l'UMP :

Si je lis Valeurs Actuelles, il a envie de revenir pour quelqu’un qui est jeune encore, qui a été président de la République…les Français n’ont pas souhaité qu’il soit de nouveau président de la République.

Mais j’ai l’impression qu’il va poser plus de problème par ce type de confidence à son camp politique qui est en crise de leadership qu’à la gauche ou qu’à la majorité.

C’est beaucoup trop tôt. Vous vous rendez compte, on sort de l’élection présidentielle et on connait le jeu, nous sommes déjà en train de préparer la prochaine ? Non.

Du rab sur le Lab

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