Arménie : "On vote et on boit le champagne !"

Publié à 12h20, le 26 décembre 2011 , Modifié à 13h05, le 27 décembre 2011

Arménie : "On vote et on boit le champagne !"
Rassemblement des Arméniens de France pour commémorer le 96e anniversaire du génocide à Paris le 24 avril 2011. (Reuters)

Depuis le vote par L'Assemblée nationale le jeudi 22 décembre d'un texte pénalisant la contestation de tout génocide, dont celui des Arméniens en 1915, la polémique enfle. Valérie Boyer, auteure de la proposition de loi, a depuis reçu des menaces et s'est vue accuser de vouloir courtiser le vote de la diaspora arménienne.

Le Lab s'interroge : Les députés draguent-ils la communauté arménienne, forte d'environ 600 000 membres ? Force est de constater que les élus ayant défendu le texte avec ferveur représentent des cironscriptions à forte présence arménienne. Et que certains d'entre eux ont, une fois la loi votée, trinqué au champagne avec des membres d'associations arméniennes.

  1. Le contexte : La loi votée, Valérie Boyer menacée

    Sur Le Figaro

    L'Assemblée nationale a adopté jeudi 22 décembre la proposition de loi pénalisant la contestation de tout génocide, dont celui des Arméniens en 1915, provoquant la colère de la Turquie, le gel de sa coopération militaire avec la France et le rappel de son ambassadeur à Paris. Ankara a accusé Nicolas Sarkozy de visées "électoralistes" dans cette affaire.

    La députée UMP de Marseille Valérie Boyer, auteure du texte de loi, a depuis été menacée de mort , de viol et son site Internet a été piraté par des militants pro-turcs.

  2. René Rouquet, le champion de la mémoire

    La ville d'Alfortville (Val-de-Marne) est surnommée la "petite Arménie" car c'est la ville française avec la plus forte concentration d'Arméniens : ils y seraient entre 7 000 et 9 000 selon les estimations du Centre de recherches sur la diaspora arménienne reprises par Le Point.

    Le député-maire (PS) d'Alfortville, René Rouquet, est un fervent défenseur de la mémoire arménienne. Sur sa fiche nosdéputés.fr, par exemple, on apprend que les mots les plus employés lors de ses interventions sont "génocide, mémoire et reconnaissance". Dès 1998, il défendait la reconaissance du génocide arménien par un texte de loi.

    Le 22 décembre, René Rouquet s'est exprimé quatre fois pour défendre le texte de loi et notamment pour "saluer l'engagement" de la diaspora arménienne.

  3. Sylvie Andrieux, un regard sur les tribunes

    Sur Assemblée Nationale

    Sylvie Andrieux, députée PS de Marseille, est venue défendre au micro la proposition de loi de Valérie Boyer.

    La députée socialiste s'est vue rappeller à l'ordre par le président de séance.

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    Je rappelle à Mme Andrieux, que l’orateur ne doit s’adresser qu’aux personnes siégeant dans l’hémicycle.

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    Le regard de la députée s'était en effet souvent porté sur les bancs du public, où des membres d'associations de défenses de la mémoire arménienne étaient assis. Voir la video de son intervention ici .

    Marseille, dont Sylvie Andrieux est députée, est une ville où la communauté arménienne est très présente : plus de 150 000 membres y sont installés, à en croire les estimations fournies par le Centre de recherche sur la diaspora arménienne reprises par Le Point.

  4. Renaud Muselier cite les grandes familles arméniennes de Marseille

    Renaud Muselier, député de Marseille, est venu le 22 décembre au micro défendre la proposition de loi de Valérie Boyer.  L'élu UMP a cité les uns après les autres le nom des grandes familles de la diaspora arménienne de Marseille :

    "

    Moi qui ai grandi à Marseille, avec des Français d’origine arménienne, les Melian, les Tcherpachian, les Melkonian, les Tavitian, les Gourdikian, les Parakian, je sais à quel point ce peuple a souffert et souffre encore.

    "
  5. "On vote et on boit le champagne !"

    Sur Lioneltardy.org

    Lionel Tardy, député UMP de la Haute-Savoie, opposé à la loi sur la négation des génocides, a fait savoir sur son blog qu'il n'avait guère apprécié que certains élus (Lionel Tardy ne donne pas leur nom) trinquent au champagne avec des membres d'association de défense des Arméniens au sein même de l'Assemblée une fois la loi adoptée.

    EXTRAIT

    "

    On nous a dit que cette loi est tout sauf électorale, tout sauf du lobbyisme ... je vous laisse juge : un peu de discrétion ne nuit pas parfois ! Quelle image donnent-ils de la neutralité des débats ...

    "
  6. Blog : "Une honte pour le Parlement"

    Sur Autheuil

    Dans un billet de blog très documenté, Authueil revient sur le vote du 22 décembre qu'il qualifie de "honte" pour le Parlement et juge que les députés marseillais étaient "en service commandé".

    EXTRAIT

    "

    Les débats ont été pitoyables. Les propos des partisans du texte ressemblaient à des éléments de langage donnés par les associations arméniennes. On aurait dit que les députés marseillais étaient en service commandé. En face, certaines oppositions étaient motivées par la présence d'une forte communauté turque qu'il ne fallait pas mécontenter. Aucun examen du texte sur le fond, le droit a été absent de ce débat, et si des questions ont pu être posées, elles n'ont eu aucune réponse.

    "
  7. Déjà en 2001 : "5 000 personnes d'origine arménienne, 5 000 électeurs"

    Sur Libération

    En 2001, la France votait un texte de loi reconnaissant le génocide arménien de 1915. Déjà, racontait Libération dans une excellente enquête, la communauté arménienne était l'objet de courbettes pour obtenir son vote .

    EXTRAIT

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    Si beaucoup d'élus se défendent de toute considération électoraliste dans leur vote pour la reconnaissance du génocide, certains ne s'en cachent pas. "5000 personnes d'origine arménienne à Valence, 5000 électeurs!", souligne ainsi Michèle Rivasi, députée (apparentée PS, Drôme) et candidate à la mairie de Valence.

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