Arnaud Montebourg à Jean-Marc Ayrault: "Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes !"

Publié à 18h03, le 26 mars 2013 , Modifié à 18h25, le 26 mars 2013

Arnaud Montebourg à Jean-Marc Ayrault: "Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes !"
En juillet 2012, à Bercy (photo MaxPPP)

TU N'ES QU'UN ELU LOCAL - Arnaud Montebourg lançant à son patron, Jean-Marc Ayrault, un retentissant : "Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes !"

Exagération ? Pas du tout, à en croire un ouvrage à paraître le 4 avril aux éditions Plon, intiulé Florange, la tragédie de la gauche, cosigné des journalistes politiques Valérie Astruc et Elsa Freyssenet, dont L'Express publie les bonnes feuilles dans son édition du 27 mars.

Tout part en fait d'une scène connue, dont les détails manquaient encore sur les dialogues. Le Lab refait le film.

Le cadre

(photo MaxPPP)

Samedi 1er décembre, Arnaud Montebourg, au lendemain d'un désaveu du Premier ministre sur le dossier Florange,a présenté sa démission à François Hollande, qui l'a refusée. 

Dans la foulée, Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg, ont échangé au téléphone - un petit doute subsiste sur le "qui a appelé qui", en fonction des sources. 

Aucun doute, en revanche, n'est permis sur le ton de l'échange : ça a été chaud. Très chaud.

Libération le racontait dès le lundi 3 décembre, en révélant la menace de démission brandie par l'homme fort de la primaire socialiste au chef de l'Etat : 

De sources concordantes, la conversation est "très houleuse". 

Les deux hommes déballent leurs différends, qui ne datent pas de Florange.

Voilà ce que l'on savait, jusqu'à présent.

Les dialogues 

(photo MaxPPP)

Les deux journalistes Elsa Freyssenet et Valérie Astruc publient donc, par le menu, l'échange entre le Premier ministre et son subordonné.

Et c'est Arnaud Montebourg qui se lance - le récit est publié avec un maximum de point d'exclamations ... :

Comment tu as pu taper ainsi sur le repreneur ? [Arnaud Montebourg assurait avoir trouvé un repreneur pour le site de Florange, une piste jugée non sérieuse par le Premier ministre dans une déclaration solennelle]

De quoi j'ai l'air après ce que tu as dit devant les Français alors que je me démène !

Dans une situation exceptionnellement grave, j'ai besoin de moyens exceptionnels ! 

Et toi, t'envoies l'aviation mitrailler tes troupes, c'est ça ?!

T'es vraiment un chef de guerre !

Fin du dossier Florange, place aux rancoeurs personnelles, celles qui semblent les plus cinglantes. 

Arnaud Montebourg, toujours :

Tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont tout le monde se fout !

Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes !

Selon les deux journalistes, Arnaud Montebourg avait formulé exactement le même reproche, à propos de Jean-Marc Ayrault, quelques minutes plus tôt ... dans le bureau du président de la République.

A François Hollande, déjà, Arnaud Montebourg expliquait, au sujet de Jean-Marc Ayrault :

C'est bien simple, tu as nommé un élu local à la tête du gouvernement ! 

[...] Il a l'envergure d'un élu local, il aurait dû rester un élu local !

Le récit livré par les deux journalistes attribue, à Jean-Marc Ayrault, une réaction "ferme, sans empathie particulière" :

Tu ne m'impressionnes pas du tout ...

Je suis désolé, Arnaud, mais il n'a jamais été envisagé de nationaliser ...

Double bonus-track

> Le "string panthère" d'Arnaud Montebourg

(photo MaxPPP)

Le 28 novembre, lors d'une réunion "à Matignon", Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg s'opposent sur le sort de Florange. Montebourg pousse son repreneur, Ayrault veut négocier avec ArcelorMittal.

Arnaud Montebourg pousse alors une image ... très explicite : 

Je te rappelle que c'est le président qui est monté sur la camionnette, et c'est lui qui va payer la facture ! 

Si on continue comme ça, on va tous finir en string panthère dans les jardins de l'Elysée, tous !

> Coulisse, mon amour 

(photo MaxPPP)

Les bonnes feuilles livrées par L'Express montrent un Arnaud Montebourg bénéficiant d'un soutien élyséen de poids, lors de ses réunions avec Jean-Marc Ayrault : Emmanuel Macron, le puissant secrétaire général adjoint de l'Elysée, réputé souffler à l'oreille du chef de l'Etat.

Soit une version qui contredit totalement les confidences d'un "proche" d'Arnaud Montebourg livrées à l'hebdomadaire Marianne, relevées par Le Lab le 18 mars, assurant que, vu de chez Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron était "l'ennemi".

Le hasard faisant bien les choses, cette version d'une relation idyllique a été rapportée au Lab, dans la foulée de cette petite reprise, par l'entourage proche du ministre du Redressement productif.

Du rab sur le Lab

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