KEEP CALM AND MAKE A LAW - Après la décision de la Cour de cassation sur la crèche Baby-Loup, le débat sur la laïcité dans les lieux privés revient dans le débat public. Et l'idée d'une loi fait son chemin parmi les membres de l'exécutif.
L'institution judiciaire avait annulé le licenciement en 2008 d'une employée de la crèche privée, qui s'était vu reprocher de refuser d'ôter son voile islamique. Aussitôt, Manuel Valls avait commenté cette décision.
Mais dans Le Monde, le ministre délégué à la Ville prévient : attention à ne pas aller trop vite à l'heure de légiférer sur cette question. François Lamy, qui était ce mardi à Chanteloup-les-Vignes, ville où se trouve la crèche au centre de l'actualité, estime qu'il ne faut pas retomber dans les errements législatifs de l'ère Sarkozy :
Il ne faut pas légiférer dans l'urgence, comme l'a fait trop souvent le gouvernement précédent. Je ne crois pas que la laïcité soit menacée. On risque avec une loi bâclée d'aboutir à ce que les femmes voilées ne travaillent plus et à favoriser les crèches confessionnelles.
Le ministre souhaite éviter le "un fait divers, une loi", souvent reproché à la précédente majorité.
Une prudence qui tempère l'idée d'une loi sur la question, exprimée par certains de ses collègues. "S'il y a un vide juridique à combler, il faudra, oui, une initiative législative", a déclaré quant à lui, devant l'Assemblée nationale, Manuel Valls.
C'est déjà le ministre de l'Intérieur qui avait commenté la décision de la Cour de cassation mardi dernier à la suite du jugement. Il l'avait alors regretté et déclaré :
En sortant quelques secondes de mes fonctions, je veux vous dire combien je regrette la décision de la Cour de cassation aujourd'hui sur la crèche Baby-Loup et sur cette mise en cause de la laïcité.
Lors des questions au gouvernement de ce mardi, Alain Vidalies a indiqué que le gouvernement est "ouvert à cette réflexion" :
Sans commenter une décision de justice, on peut légitimement, devant la représentation nationale, s'interroger sur la rédaction de la loi qui a amené le juge à prendre cette décision.
(...)
On voit bien qu'au-delà de tout ce qui peut nous séparer, nous devons être ensemble attentifs à ce qu'est la pacte républicain, et en premier lieu à la laïcité.
Lors du point presse du Conseil des ministres du 20 mars, Najat Vallaud-Belkacem avait également exprimé l'envie de faire entrer dans les crèches le principe de laïcité, de la même manière que dans les établissements scolaires :
Nous devons veiller à ce que les solutions trouvées par la circulaire Jospin de 1989 pour l'école, puissent s'appliquer de la même manière dans les crèches.
(...)
Je vous rappelle que le président de la République a mis en place un observatoire de la laïcité, et ça fait partie des sujets traités de près. S'il y a necessité de préciser les choses par la loi, nous ne l'excluons pas.
A voir à partir de 8'10 :