C’était le 22 janiver 2012, au Bourget. Ce jour-là, dans un meeting passé à la postérité, François Hollande, longtemps fils intellectuel du réformisme de Jacques Delors et du club Témoin, bref, François Hollande, le social-démocrate en puissance, devenait François-le-rouge.
Souvenez-vous, voilà ce qu’expliquait alors le candidat Hollande:
"Avant d’évoquer mon projet, je vais vous confier une chose.
Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire.
Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne.
Cet adversaire, c’est le monde de la finance.
Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies.
"
Et en version vidéo, trouvée sur le compte dailymotion du candidat, manifestement très soucieux que ce paragraphe passe à la postérité :
Un mois plus tard, le lundi 27 février 2012, François Hollande abattait sa deuxième grande carte destinée à la gauche-de-la-gauche, avec l’annonce, le lundi 27 février, jour où Le Monde expliquait par le menu et à sa une tout ce qu’un nouveau président socialiste conserverait de l’héritage sarkozyste, d’une taxation à 75% pour la part des revenus dépassant 1 million d’euros par an.
Un peu plus d’un an plus tard, qu’en reste-t-il ? Pas grand-chose, voire rien du tout, regrette la gauche de la gauche.
A l’image de Pascal Cherki, député PS de Paris, qui, sur Twitter, convoque l’esprit du Bourget, pour faire les louanges du couple de même sexe "Hollande-Le Bourget" :
Schroder-Hollande c'est pas mon couple de même sexe préfère. Je trouve que Hollande-Le Bourget c'était mieux.
— Pascal Cherki (@pascalcherki) 24 mai 2013
Deux axes de bataille sont développés par la gauche du PS.
1. L’hommage au SPD de Gerhard Schröder était déplacé
On vous a raconté tout cela en détail, ici.
Citation la plus marquante ? Celle d’Emmanuel Maurel, candidat de l’aile gauche du PS à Solférino, qui voit là un "bras d’honneur [de François Hollande] à de nombreux socialistes."
2. "L’autorégulation exigeante" de Pierre Moscovici, ça ne veut rien dire
(via)
Une annonce factuelle peut, parfois, signer une prise de position idéologique forte. Il en va ainsi de l’annonce de Pierre Moscovici qui, dans Les Echos, ce vendredi 24 mai, annonce qu’il renonce à une "loi sur la rémunération des patrons".
Le ministre de l’économie justifie le renoncement à la proposition numéro 26 du candidat Hollande avec l’énonciation d’un point quasi-doctrinal:
"Nous préférons miser sur une "autorégulation exigeante".
Mais attention : si les décisions annoncées ne sont pas à la hauteur, nous nous réservons la possibilité de légiférer.
"
Résultat?
Ca gronde.
Gérard Filoche s’agace:
Moscovici : "Les salaires des patrons ne seront pas limités" et le président approuve le pire de Schröder, ça fait beaucoup tout ça...
— Gerard Filoche (@gerardfiloche) 24 mai 2013
@lacarottedu44 mais je m'en fous du salaire de X, on parle de centaines de millions de salaires pillés par les grands patrons et banksters
— Gerard Filoche (@gerardfiloche) 24 mai 2013
Pascal Cherki prédit une sortie "dans le décor":
C'est bizarre ces conducteurs qui ne connaissent que le tourner à droite. Un jour ou l'autre ils finissent toujours dans le décor.
— Pascal Cherki (@pascalcherki) 24 mai 2013
Et le patron du MJS, Thierry Marchal-Beck, qui est "grognon " après avoir "acheté les Echos", retweete allègrement les messages avertissant qu’une "ligne rouge" est en train d’être franchie:
… et se replonge dans les 60 engagements de la campagne:
Suis en pleine relecture des #60engagements on peut jamais être d'accord sur tout mais c'est un bon programme. On l'applique ?
— Thierry Marchal-Beck (@ThierryMB) 24 mai 2013