Barack Obama - Nicolas Sarkozy : le jour où ils se sont engueulés à l’ONU

Publié à 15h57, le 30 octobre 2012 , Modifié à 15h59, le 30 octobre 2012

Barack Obama - Nicolas Sarkozy : le jour où ils se sont engueulés à l’ONU
Nicolas Sarkozy et Barack Obama, à l'ONU, le 21 septembre 2011 (photo Reuters)

"MOI, J’AI LE PRIX NOBEL …" - C’est un échange à fleurets mouchetés, de ceux qui passent rarement les portes feutrées des échanges entre chefs d'Etats, et qui sont très exceptionnellement seulement directement attribués à des présidents. 

Barack Obama, président des Etats-Unis, et Nicolas Sarkozy, alors président Français, ont eu un échange très peu diplomatique, à l’occasion d’une rencontre bilatérale et de (très) haut niveau, le 21 septembre 2011, dans une salle de travail du Siège des Nations-Unies, révèle l’ancien ministre du Budget et de l’Economie, François Baroin, dans un ouvrage intitulé Journal de Crise (éd. Jean-Claude Lattès), et dont les meilleurs feuilles sont publiées par L'Express, dans son édition du 31 octobre.

Le contexte

A la tribune de l’ONU, qui tenait sa 66e Assemblée générale,  Nicolas Sarkozy critique ouvertement l'intransigeance américaine sur la question israëlo-palestienne. 

En proposant dans son discours ( Les actualités > Discours > 2011 66e Assemblée générale des Nations Unies DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE Ouverture de la 66e Assemblée générale des Nations Unies New York -- Mercredi 21 septembre 2011 Monsieur le Secrétaire général, Lorsque nous nous sommes retrouvés, ici même en septembre de l'année dernière, lequel d'entre nous pouvait imaginer qu'en un an à peine, le monde, déjà bouleversé par une crise économique sans précédent, allait à ce point changer ? En quelques mois, les « printemps arabes » ont fait se lever une immense espérance. Depuis trop longtemps des peuples arabes soumis à l'oppression ont pu relever la tête et ont réclamé le droit d'être enfin libres. Avec leurs mains nues, ils se sont opposés à la violence et à la brutalité. A ceux qui proclamaient que le monde arabo-musulman était par nature hostile à la démocratie et aux droits de l'Homme, les jeunes arabes ont apporté le plus beau démenti. Mesdames et Messieurs, mes chers collègues, nous n'avons pas le droit de décevoir l'espérance des peuples arabes. Nous n'avons pas le droit de briser leur rêve. Car si l'espérance de ces peuples était brisée, cela donnerait raison aux fanatiques qui n'ont pas renoncé à dresser l'Islam contre l'Occident en attisant partout la haine et la violence. C'est un appel à la justice qui a ébranlé le monde, et le monde ne peut pas répondre à cet appel à la justice par la perpétuation d'une injustice. Ce miraculeux printemps des peuples arabes nous impose une obligation morale, une obligation politique de résoudre enfin le conflit du Moyen-Orient. Nous ne pouvons plus attendre ! La méthode utilisée jusqu'à présent, je pèse mes mots, a échoué. Il faut donc changer de méthode ! Il faut arrêter de croire qu'un seul pays, fut-il le plus grand, ou qu'un petit groupe de pays peuvent résoudre un problème d'une telle complexité. Trop d'acteurs majeurs sont laissés de côté pour pouvoir aboutir. 26.09.2011 66e Assemblée générale des Nations Unies 1/4">PDF) un "statut d'Etat observateur aux Nations-Unies" pour la Palestine, Sarkozy se montre en effet en rupture diplomatique majeure.

Et plante, surtout, une belle épine dans le pied des Etats-Unis, dont la politique au Proche-Orient est marquée par un soutien fort à l’Etat israëlien.

Les présents

La rencontre est de très haut niveau : en plus des deux chefs d’Etat, d’après François Baroin, sont également présents, côté américain, Hillary Clinton, et Timothy Geithner, et, côté français, François Baroin et Alain Juppé– qui, note François Baroin, embrasse Clinton.

François Baroin ne mentionne la présence d’aucun diplomate, mais les photos, prises dans la salle, montrent que plusieurs haut-fonctionnaires participaient à la réunion.

L’échange

La première salve, d’après Baroin, est tirée par un Obama dont "le visage se ferme" soudainement.

La voici

Ecoute, Nicolas, entre amis on se dit les choses

Alors je vais te dire. 

Tu aurais dû me prévenir pour ton discours

Je viens d’en prendre connaissance. 

Cela nous met en difficulté.

Nicolas Sarkozy "interrompt" alors, d’après François Baroin, Barack Obama :

Ecoute Barack, si je t’avais prévenu, tu m’aurais mis une grosse pression

Je voulais prononcer ce discours, je l’ai fait. 

Je suis désolé de ne pas t’avoir prévenu, mais j’avais des raisons.

Le dernier mot revient au président américain qui, le "regard plongé" dans celui du président français, assène :

Ecoute, Nicolas, tu vois, moi j’ai le prix Nobel de la paix et pourtant je n’ai pas encore fait la paix.

Toi, tu n’as pas encore fait la paix et tu n’as pas le prix Nobel.

J’ai de l’avance

Entre amis, on se dit tout, il faut se parler.

 

Du rab sur le Lab

PlusPlus