Bayrou, la position de l’équilibriste

Publié à 10h29, le 17 avril 2012 , Modifié à 10h29, le 17 avril 2012

Bayrou, la position de l’équilibriste
François Bayrou le 10 avril 2012 (Reuters)

Comment critiquer ses deux principaux adversaires sans jamais décliner un éventuel poste de Premier ministre ? François Bayrou s’est prêté à un sacré numéro d’équilibriste ce 17 avril sur BFM TV et RMC.

Retour sur l’exercice de communication réalisé par le centriste, bien installé à équidistance entre Nicolas Sarkozy et François Hollande.

  1. "Je prends mes responsabilités en toute circonstance"

    Sur bfmtv.com

    Les conseillers en com’ de François Bayrou doivent avoir du fil à retordre. La triple équation qu’ils doivent résoudre, jusqu’au premier tour ? Faire en sorte que leur poulain esquive toute réponse claire concernant sa position de premier ministrable, reste remonté contre ses adversaires, mais ne se ferme aucune porte. Rien que ça.

    Une fois le cadre de contraintes posé, observons sa mise en application, ce mardi 17 avril, face à Jean-Jacques Bourdin - intervieweur qui n’est pas du genre à se contenter de demi-réponses. Mais le Bayrou est un animal politique habile. Il a donc alterné douceurs et reproches vis-à-vis des deux favoris, sans jamais favoriser l’un par rapport à l’autre.

    Exemple avec Nicolas Sarkozy, lorsque Jean-Jacques Bourdin lui demande s’il a changé depuis 2007 :

    Je pense que Nicolas Sarkozy a un peu changé. Je trouve qu’il s’est un tout petit peu amélioré, il est moins provocateur. Il a été – d’une certaine manière – dompté dans un certain nombre de ses excès par la vie.

    Après la caresse, la claque :

    Cependant, est-ce que ça suffit à changer sa manière de gouverner, de voir le pouvoir, de voir la société, ses principes, ses valeurs et son approche politique? Vraiment, je ne le crois pas.

    Pour l’instant je ne vois pas de changement fondamental dans sa manière de voir la politique.

    Idem pour François Hollande qui, pendant un temps, était très proche des idées de Bayrou … Et puis qui l’a déçu :

    Soyons clair : je connais Français Hollande très bien, j’ai beaucoup parlé avec lui. Mais le François Hollande que je vis dans cette période ne ressemble pas au François Hollande avec qui je parlais à cette époque et qui était sur une ligne que je sentais très proche de la mienne.

    Nous nous entendions sur le fait de remettre le pays sur ses pieds. Or, ça c’est passé au milieu des primaires, tout d’un coup il s’est mis à basculer dans un socialisme habituel, celui de la dépense.

    Des compromis sont-ils alors possibles pour rentrer à Matignon ? Là encore, la réponse de François Bayrou n’apporte que des interrogations.
    On le pense d’abord décidé à décliner un poste :

    On ne peut être le Premier ministre de qui que ce soit que si on est profondément en phase avec ce qu’apporte l’élection du Président de la République. Et évidemment vous savez bien que je ne le suis pas.

    Jean-Jacques Bourdin insiste :  "Vous aimeriez être Premier ministre?"

    Dans une vie d’homme, lorsqu’il y a un devoir devant soi, on le rempli, mais évidemment, vous voyez bien que les conditions ne sont nullement remplies pour cela. 

    On ne comprend toujours pas bien : François Bayrou exclu-t-il la possibilité de rejoindre l’un des deux camps ?

    Je prends mes responsabilités en toute circonstance de la vie. Je n’élude pas mes responsabilités.

    "Conditions à remplir", "responsabilités"à prendre ... Le candidat évite d’utiliser le terme "jamais" et laisse une porte ouverte à la négociation.

    Seule chose de sûre dans l’histoire : François Bayrou ne veut pas qu’on lui reproche d’avoir retourné sa veste entre les deux tours. Il prépare donc le terrain en cas de soutien d’un candidat, n’utilisant aucune formule définitive et aucun reproche trop radical.

    Il pourra alors ressortir l’argument de sa "responsabilité" quant à l’avenir du pays sans paraitre trop incohérent.

Du rab sur le Lab

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