Avec un peu d'organisation, vous pourrez vous aussi comme Claude Guéant être en mesure de proclamer une baisse continue des crimes et délits depuis neuf ans. Ou même l'inverse... Suivez le guide du Lab pour présenter sous leur meilleur jour les chiffres de la délinquance.
Etre endurant
Sur Owni
Leçon numéro un : Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage...
Cas pratique : Plutôt que de se fatiguer à faire mentir des pourcentages via des calculs savants, tricher tous les jours un petit peu est un bon moyen de faire passer son message.
Jean-François Herdhuin, fonctionnaire de police, contrôleur général, puis inspecteur général de la police nationale, a raconté sur Owni en janvier 2011 comment les agents de police sont sommés d'agir au quotidien pour faire baisser les statistiques de la délinquance.
EXTRAIT
- Parmi les pratiques les plus productives de "bons résultats", il y a la possibilité de requalifier des délits en contraventions qui ne sont pas prises en compte dans l’état statistique. Il s’agit notamment des dégradations de biens privés ou publics. Les tentatives de cambriolages peuvent être enregistrées comme de simples dégradations contraventionnelles. Il en est de même pour des coups et blessures volontaires qui peuvent être convertis en violences légères afin d’être comptabilisées dans les contraventions de 5e classe.
Savoir ce que l'on veut
Sur Urvoas
Leçon numéro deux : Savoir établir ses priorités.
Cas pratique : Envoyer une note aux commissariats et gendarmeries en leur indiquant clairement où cibler leurs efforts - sans faire trp de zèle sur les petits délits qui plombent les stats - est un excellent exercice. Pour cela, il faudra maitriser l'art de la litote, figure de style qui consiste à dire moins pour suggérer davantage.
Le Monde révélait en novembre dernier un exemple de courrier issu du ministère de l'Intérieur destiné aux gendarmeries (voir photo).
EXTRAIT
Le volume des infractions révélées par l'initiative des services démontre l'engagement des unités et des gendarmes, mais leur qualité est pafois inégale, et l'on note trop souvent des usages de stupéfiants, qui "pèsent" sur la délinquance globale.
Vous ferez en sorte que l'intérpet des enquêteur se focalisent sur les trafics, usage et revente de stupéfiants, ainsi que les infractions à la loi sur l'immigration.
User de la magie
Sur Ouest France
Leçon numéro trois : Faire disparaître ce qui est gênant
Cas pratique : "La fraude a la carte bancaire faisait exploser les chiffres. Finies les plaintes !" C'est ainsi que Ouest France résume l'affaire. Une circulaire envoyée cet été aux procureurs demande aux agents de "convier le plaignant" à déposer une main courante plutôt qu'une plainte pour toute escroquerie à la carte bancaire.
Ainsi, en 2009, le ministère de l'Intérieur dénombrait plus de 900 000 actes de falsification et usages de carte de crédit, contre.... près de 48 000 en 2011. Un magicien n'aurait pas fait mieux.
Tout mettre dans le même sac
Sur Cour des comptes
Leçon numéro quatre : La délinquance est une belle salade composée.
Cas pratique : Claude Guéant s'est félicité, mardi, de la "baisse générale" de la délinquance de 0,34% en 2011. Or, parler d'une baisse "générale" de la délinquance n'a pas de sens, comme l'expliquait la Cour des Comptes lors d'un rapport paru à l'été 2011. Car il s'agit de mettre dans le même sac les attentats à l'explosif comme les vols de matériel agricole.
EXTRAIT
Les statistiques de la délinquance agrègent des faits disparates qui n’ont pas tous le même impact statistique sur l’évolution d’ensemble de la délinquance, car leur unité de compte (nombre de victimes, d’infractions, d’auteurs ou de procédures) varie selon les délits.
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