UN JOUR UN COUAC - Le gouvernement répète à qui veut l'entendre qu'il ne "reculera pas" sur la loi Travail, malgré le mouvement social et l'opposition de toute une partie du PS et de la gauche de la gauche. Et voilà que Bruno Le Roux, patron des députés PS, se dit favorable à une discussion sur l'un des points les plus polémiques du projet de loi... avant que le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll puis le Manuel Valls ne disent l'inverse quelques instants plus tard.
Le couac du jour concerne donc l'article 2 de la loi Travail, qui porte sur l'articulation entre accords de branche et accords d'entreprise. Casus belli pour les frondeurs notamment, qui estiment qu'en faisant primer les seconds sur les premiers, le gouvernement procède à une "inversion de la hiérarchie des normes", ce que l'exécutif dément.
# Ce qu'a dit Bruno Le Roux
Invité de l'émission Questions d'Infos mercredi 25 mai(LCP / France Info / Le Monde / AFP), le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale a donc indiqué qu'il souhaitait une réécriture de l'article en question, allant dans le sens des opposants à la loi :
"Je souhaite qu'il y ait une possibilité que la branche donne un avis a priori [et non a posteriori, ndlr] sur l'accord d'entreprise. [...] C'est ce qui est demandé par de nombreux syndicats.
"
Un amendement introduit lors de l'examen en première lecture du projet de loi à l'Assemblée nationale donne un droit de regard aux branches professionnelles sur les accords d'entreprises, en particulier sur leur impact sur les conditions de travail et sur la concurrence entre les entreprises. Selon la rédaction actuelle de cette disposition, les branches peuvent formuler "le cas échéant des recommandations destinées à répondre aux difficultés identifiées". C'est cette disposition-là que Bruno Le Roux propose de réécrire pour renforcer le rôle des branches, comme le demandent des syndicats mais aussi une partie du patronat.
# Ce qu'a dit Stéphane Le Foll
Lors de son point-presse hebdomadaire post-conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement a presque aussitôt contredit le député de Seine-Saint-Denis. Sans laisser place à l'interprétation, Stéphane Le Foll a expliqué :
"Il n'est pas question de revenir sur les principes de l'article 2.
"
Peu après 15 heures, durant les questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, Manuel Valls a lui aussi balayé toute ouverture de l'exécutif sur ce sujet :
"Il n'y aura ni retrait du texte ni remise en cause de l'article 2.
"
Ce qui a suscité cette réaction en direct de l'intéressé :
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Il semblerait donc bien que du haut de son statut de porte-voix de la ligne gouvernementale au palais Bourbon, Bruno Le Roux ait parlé *légèrement* trop vite, et sans l'autorisation de l'exécutif. À moins qu'il n'indique là une position strictement personnelle visant à faire bouger Hollande et Valls ?
Quoi qu'il en soit, voilà encore un bel exemple de communication aux petits oignons.
[Edit 15h15 : ajout déclaration Valls]
[BONUS TRACK] "Bruno Relou"
Au détour de ce démenti sur les intentions gouvernementales, Stéphane Le Foll y est allé d'un lapsus monumental concernant Bruno Le Roux, renommé pour l'occasion "Bruno Relou", comme l'ont rapporté plusieurs journalistes présents :
Vilain lapsus de Stéphane Le Foll, qui interrogé sur les propos de Bruno Le Roux, évoque "Bruno Relou". pic.twitter.com/ycR2VquSk5
— Frédéric Says (@FredericSays) 25 mai 2016
Le Foll signe le lapsus de l'année en parlant de Bruno Re Lou
— Samir Tounsi (@Lateuser) 25 mai 2016
Vu le contexte, faut-il y voir quoi que ce soit de révélateur ? On pose la question.