MÉMOIRE SÉLECTIVE - Avec le temps, on a tendance à *oublier* les mauvais moments et privilégier les bons. En politique, c’est pareil. Cette mémoire sélective, Nicolas Sarkozy l’a démontrée ce mercredi 25 mai lors de son discours de clôture d’une journée de travail de LR sur la protection sociale, la santé et la famille.
Ainsi le président de LR a-t-il ironisé sur la loi El Khomri, à l’origine des fortes tensions sociales qui perturbent la France, en la comparant avec sa réforme des retraites de 2010. Nicolas Sarkozy a alors lancé, gestes amples à l’appui :
"Aujourd’hui, la loi El Khomri, c’est rien. Grâce à ce rien on a le 49.3, et grâce à ce rien on a l’anarchie. Voilà la différence entre un quinquennat et un autre. Pardon. Quand même.
"
En comparaison, dit-il, "nous avions réformé les retraites" : "Je rappelle que cette réforme, nous l’avons réussie". Et d’ajouter, péremptoire devant plusieurs centaines de personnes réunies au siège de LR :
"22 milliards d'euros de recettes en plus pour l'assurance vieillesse, sans qu'il y ait un seul blessé dans la manifestation, sans 49-3 et sans pagaille. Vous savez le proverbe, quand je m’ausculte, je m’inquiète, quand je me compare, je me rassure. Pas de pagaille, pas de violence, pas de 49.3.
"
Sans pagaille et sans violence ? Vraiment ? Eh bien, c’est faux.
Petit retour en arrière. Nous sommes fin octobre 2010. Et alors que la mobilisation ralentit, Le Monde fait alors un petit bilan chiffré d’une longue contestation . Tout en rappelant que Nicolas Sarkozy est alors au plus bas dans les sondages avec 26% de popularité, le quotidien souligne que le blocage de 12 raffineries est symbolique du conflit social en cours à ce moment-là.
Surtout, plusieurs millions de manifestants ont, durant onze jours, foulé les pavés de l’Hexagone dans 246 villes mobilisées. Des manifestations qui ont également eu leur lot de casseurs. Résultat : 2.280 interpellations contre des "casseurs, des lycéens, des syndicalistes".
Le 18 octobre, c’est Rue89 qui faisait un reportage sur "la violente équipée de casseurs dans Paris" alors que Le Parisien consacrait un article aux violences en marge des manifs lycéennes qui ont donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre.
Alors, certes, Nicolas Sarkozy n’a pas eu à recourir au 49.3. Ni pour cette réforme, ni pour aucune autre durant son quinquennat. Mais de là à dire qu’il n’y a eu "ni pagaille ni violence"…
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