RAPPEL A L'ORDRE - C'est un événement rare qui s'est produit mardi à l'Assemblée lors de la séance de questions au gouvernement. Le Président de l'Assemblée nationale, le socialiste Claude Bartolone, a rappelé à l'ordre un député, Dominique Dord.
La question dans son intégralité est à visionner ici :
Le député UMP de Savoie s'est livré à une libre adaptation de la Genèse, pour fustiger le bilan de la première année de François Hollande à l'Elysée.
Le texte original, premier livre de la Torah et de l'Ancien Testament, dépeint la création du monde par un dieu unique. Il commence de la sorte :
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre . La terre n'était que chaos et vide. Il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme et l'Esprit de dieu planait au-dessus de l'eau.
Côté Dominique Dord, l'adaptation donne ceci :
Monsieur le Premier ministre, le premier jour, il est allé voir madame Merkel. Il lui a dit, madame Merkozy, je veux renégocier votre traité. Elle lui a dit NEIN. Alors il a dit au diable les Allemands, ces conservateurs égoïstes et vous avez ratifié le traité.
Le deuxième jour, il a voulu casser tout ce qu'avait fait Nicolas Sarkozy. [...] Il a dit au diable le pouvoir d'achat des classes moyennes.
Le troisième jour, il a levé 30 milliards d'impôts. Tous les riches ont quitté le pays. Et il a dit au diable les riches, qu'ils aillent dépenser leur argent en Angleterre. Le quatrième jour, il s'est fait plaisir. Il a levé 7 milliards de dépense. [...]
Le cinquième jour il a récompensé madame Royal, il a fait d'elle une banquière. Parce qu'elle le vaut bien. Et il a dit au diable la République irréprochable.
Le sixième jour, il a envoyé la police contre les familles. [...] Il a dit au diable, les familles, les religions, les conservateurs et les rétrogrades. Vive le progrès. Vive LGBT.
Et enfin le dernier jour, comme le veut la tradition, il s'est reposé. Il est monté sur le mont Corrèze avec Valérie pour contempler son œuvre. Et il a vu une France en ruine.
Le propos, qui a provoqué quelques sourires goguenards et dubitatifs sur les bancs des ministres de François Hollande, n'a pas non plus semblé être au goût du député PS du Nord Bernard Roman.
Au moment de reprendre la parole, pour, comme c'est le cas en temps normal, la redonner immédiatement au ministre concerné par la question, Claude Bartolone l'a prise à son compte :
Monsieur Dord, je vous rappelle qu'il est de tradition dans notre hémicycle de ne pas remettre en cause le Président de la République.
C'a toujours été une tradition dans cet hémicycle, qui a notamment été appliquée par mon prédécesseur (Bernard Accoyer, député UMP, Ndlr).
L'intervention de Claude Bartolone a provoqué les broncas des députés situés à la droite de l'Assemblée nationale, et les applaudissements des députés de la majorité.
A droite...
A gauche
S'ensuit un moment de flottement avant que Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et des finances, ne se lève pour qualifier la "question" de Dominique Dord de "fable polémique" :
Il ne s'agissait pas d'une question mais d'une simple parabole, d'une fable totalement polémique et en plus avec des aspects personnels qui sont totalement indignes d'un député de cette Assemblée.
La séance se poursuit ensuite plus normalement, jusqu'à ce qu'Yves Albarello (député UMP de Seine-et-Marne), en préambule de sa question sur la politique pénale, ne revienne sur l'épisode en ces termes :
Je voudrais vous dire de façon dépassionnée monsieur le Président, ainsi qu'à votre majorité parlementaire, qu'au cours du précédent mandat, de 2007 à 2006 (sic) cette majorité n'a eu de cesse de salir la personnalité de Nicolas Sarkozy.
Claude Bartolone n'a pas réagi ensuite, se contentant d'observer un visage neutre, avant de convoquer un huissier.
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