COLD - À tout le moins frisquet, voire frigorifique. Dans son communiqué de réaction à l'élection de Donald Trump comme 45e président des État-Unis, mercredi 9 novembre, Alain Juppé ne "félicite" pas le successeur de Barack Obama. Tout juste prend-il acte de son accession à la Maison Blanche et de la "décision souveraine" du peuple américain, du bout des lèvres. Et ajoute à cela une sérieuse mise en garde adressée à son propre électorat contre le positionnement politique et idéologique de cette même personne et de ceux qui s'y apparentent (selon lui) en France.
"Je veux ce matin adresser à monsieur Trump, qui aura demain la charge de conduire la démocratie américaine, un message fort, le message d’un pays ami du peuple américain", écrit tout d'abord le candidat à la primaire de la droite. Tout juste cordial. "Le monde a besoin d’une démocratie américaine apaisée et qui contribue à l’équilibre du monde, aujourd’hui gravement menacé. Il appartient désormais à monsieur Trump de définir les grandes lignes de sa politique internationale et les axes de son dialogue avec la France et l’Europe. C’est à la France et à l’Europe de se mettre en situation de défendre leurs intérêts dans leur dialogue avec l’administration américaine", poursuit l'ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
Sobre, ce message d'un aspirant Président à un Président élu vise surtout à préserver les relations bilatérales entre leurs deux pays en cas de collaboration future.
La suite, Alain Juppé l'écrit sur un ton très différent :
"Plus que jamais, les Français ont besoin d’une France forte et d’un Président de la République qui puisse être entendu et respecté par ses partenaires. Plus que jamais, les Français ont besoin d’une Europe soudée, qui s’impose comme un interlocuteur des grands pôles du monde de demain.
Aux Français, je veux souligner tous les risques que la démagogie et l’extrémisme font courir à la démocratie et le caractère vital des choix qu’ils ont à faire. Plus que jamais j’appelle au rassemblement et à la mobilisation tous ceux qui se font une 'certaine idée' de la République et de la France.
"
"Démagogie", "extrémisme" : Alain Juppé fait un lien direct entre le résultat de la présidentielle américaine et le contexte de celle qui se tiendra en France en mai 2017. Une alerte adressée à l'ensemble des Français donc, mais tout particulièrement à ceux qui seraient tentés par un vote Front national. Voilà qui ne jette pas les bases d'une franche amitié avec Donald Trump, si le maire de Bordeaux devait entrer à l'Élysée.
Sur BFMTV dans la matinée, Alain Juppé a ajouté que "la réponse n'est pas dans le populisme. Le populisme, c'est mentir aux peuples". Un commentaire alors plutôt franco-français, mais dont le sens n'aura échappé à personne.