Emmanuel Macron n'est pas favorable à la délivrance d'un récépissé de contrôle d'identité par la police. Il s'agissait d'une promesse de campagne de François Hollande en 2012, enterrée depuis. En revanche, le candidat d'En Marche ! dit vouloir appliquer la "tolérance zéro" vis-à-vis des actes de violence policière, un sujet qui fait régulièrement l'actualité et notamment en cette fin de quinquennat avec les affaires Théo et Adama Traoré.
Lors de la présentation de son tant attendu programme présidentiel, jeudi 2 mars, l'ancien ministre de l'Economie a répété son opposition au récépissé. La vraie question autour de ce sujet est selon lui celle du "problème de confiance entre les forces de l'ordre et les jeunes ou moins jeunes qui vivent dans ces quartiers [défavorisés]". "Je ne crois pas qu'on règle un problème de confiance avec un récépissé", a fait valoir Emmanuel Macron.
Il a cependant ajouté vouloir appliquer "une politique de tolérance zéro à l'égard de toute dérive ou de toute forme de violence" policière :
"Quand il y a des dérives, elles doivent être sanctionnées et la hiérarchie doit être sanctionnée. Et donc quand il y a des dérives, d'abord il y aura de l'évaluation. [...] J'évaluerai le nombre de contrôles qui sont faits, le Défenseur des droits sera d'ailleurs activé pour le suivie de ces situations sur le terrain. Et je suivrai, je demanderai des comptes aux commissariats, aux forces de police lorsqu'elles procèdent à des contrôles de manière exorbitante. Et je demanderai des comptes à la hiérarchie policière. Ensuite, quand il y a des violences policières sur le terrain, on doit donner tout éclaircissement à ces violences. [...] Quand il y a des violences, il y a une responsabilité hiérarchique. Il y a des commissaires, des directeurs départementaux de la sécurité publique, des préfets, des ministres. Il n'y aura pas d'incident sans réponse. Moi je suis pour un système de responsabilité.
"
Une déclaration à revoir dans cette vidéo, à partir de 1h07.
Et de pointer le fait que "la France contrôle trois fois plus qu'en Allemagne les identités", ce qui est à son sens révélateur d'un problème de formation des policiers. "Nous devons différemment former les policiers. Aujourd'hui, un jeune qui sort d'une école de police, il est trop souvent formé à systématiquement procéder à du contrôle d'identité" en priorité, a encore argumenté Emmanuel Macron. Lui veut une formation qui permette aux agents de prendre ce genre de décision avec "plus de jugement", de manière à "procéder de manière sélective au contrôle d'identité".
Un discours qui tranche avec celui tenu ces dernières années tout particulièrement par Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, et qui a aussitôt provoqué l'ire d'Eric Ciotti, député LR qui se voyait bien ministre de l'Intérieur en cas de victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, et aujourd'hui ardent soutien de François Fillon. Emmanuel Macron "met au banc des accusés nos policiers", s'est indigné l'élu des Alpes-Maritimes sur Twitter, avant de se fendre d'un communiqué à ce sujet.
#Macron dans la fidèle lignée de #Hollande met au banc des accusés nos policiers, grands oubliés du quinquennat socialiste ! #Honte
— Eric Ciotti (@ECiotti) 2 mars 2017
Dans ce dernier, il accuse l'ancien ministre de François Hollande, principal adversaire de François Fillon, d'incarner "le retour de la gauche permissive". Eric Ciotti ajoute :
"Il s’agit d’une grave mise en cause du professionnalisme et de la déontologie des policiers et gendarmes. Ce n’est pas admissible. [...] En agissant ainsi, Emmanuel Macron montre une fois de plus son vrai visage : celui d’une gauche permissive bien-pensante et déconnectée de la réalité, pour qui l’auteur d’infraction a plus de droits que le policier ou le gendarme qui le contrôle, et pour qui la sanction n’a pas de valeur.
"
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