C'EST PAS NOUS C'EST GOOGLE - On l'a vu durant la campagne pour les élections régionales, Wallerand de Saint Just est capable de dire un peu tout et n'importe quoi. Mais cette particularité du trésorier du Front national (et avocat de formation) ne se limite pas à la tentative de conquête de la région Île-de-France. Il l'applique aussi à la présidente de son parti, Marine Le Pen.
Mercredi 16 décembre, la patronne du parti d'extrême droite a publié sur Twitter trois photos d'exécutions commises par Daech, accompagnées de la mention "Daech c'est ça !". Elle entendait par là répondre à Jean-Jacques Bourdin qui, selon elle, avait établi un "parallèle" entre le FN et le groupe terroriste. Face au politologue Gilles Kepel sur BFMTV, le journaliste avait évoqué les "liens pas directs entre Daech et le Front national mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté d'esprit". Depuis, une enquête pour "diffusion d'images violentes" a été ouverte et, devant la protestation de la famille de l'une des victimes des terroristes, James Foley, la présidente du FN a retiré sa photo, expliquant qu'elle ne "savait pas" qu'il s'agissait de lui et qu'elle avait trouvé l'image "sur Google".
"Il n'y a pas de regret parce qu'il n'y a pas de faute. Il y a une sincérité totale et une bonne foi totale, voilà", martèle donc Wallerand de Saint Just, invité d'Europe 1 à la mi-journée ce jeudi. Il ajoute :
"En ce qui concerne la photo de monsieur Foley, c'est un incident. Marine Le Pen ne savait pas que c'était la photo de monsieur Foley, elle est accessible, cette photo... [il est coupé, ndlr]
"
Un "incident", donc. Un tout petit rien qui s'explique par le fait qu'avant de diffuser cette photo d'un homme décapité par des terroristes, sa tête posée sur son dos, celle qui est à la tête de l'autoproclamé "premier parti de France" n'a pas pris le temps de vérifier de quoi il s'agissait exactement. Le trésorier du FN confirme en effet que Marine Le Pen ne s'est pas "renseignée", comme le lui demandait Jean-Michel Aphatie.
Et puis enfin, on en fait tout un fromage de la diffusion de ces photos, mais elles sont sur Google, tout de même ! Eh oui, c'est la suite *naturelle* du raisonnement de Wallerand de Saint Just :
"- Jean-Michel Aphatie : Est-ce que vous pouvez citer un média qui les a publiées ?
- Wallerand de Saint Just : Mais la banque d'images de Google, qui est un des médias les plus importants...
- Jean-Michel Aphatie : Aucun média français n'a voulu...
- Wallerand de Saint Just : Aucun média mais la banque d'images Google a produit et a diffusé depuis très longtemps toutes ces photos, elles sont accessibles par tous, y'a aucun problème pour les trouver.
"
Et donc aucun problème pour les diffuser, faut-il comprendre. C'est aussi bête que cela.
Mais Wallerand de Saint Just ne s'arrête pas là. Tranquillement, il explique que si les parents de James Foley ne veulent pas que la photo de la dépouille de leur fils soit diffusée de la sorte par un responsable politique, ils n'ont qu'à demander son retrait à Google :
"[Marine Le Pen] est de parfaite bonne foi puisque cette photo est accessible par tous sur Google et que la famille - on n'a pas entendu la famille demander le retrait à Google de ces photos.
"
Oui, oui.
Et ça continue, hein. S'il fallait bien sûr retirer la photo de James Foley une fois que la famille s'en est émue, il n'en va pas de même pour les deux autres personnes exécutées par Daech et dont celle qui veut devenir présidente de la République a également diffusé les images. Wallerand de Saint Just le dit clairement :
"- Jean-Michel Aphatie : L'homme qui brûle dans sa cage, c'est un pilote jordanien, son histoire a été beaucoup racontée. Sa famille la voit peut-être sur Twitter. Il faut la retirer aussi ?
- Wallerand de Saint Just : Non non, il ne faut pas la retirer.
- Jean-Michel Aphatie : Ah bon ? James Foley oui, le pilote jordanien non ?
- Wallerand de Saint Just : Il faut répondre à la violence des propos de monsieur Bourdin. Il est insupportable, même quand on n'est pas au Front national ou responsable du Front national, d'être comparé aux assassins de Daech. C'est absolument insupportable et on a le droit de dire publiquement et par le biais d'une photo, 'monsieur Bourdin, vous dites ça, voilà ce que c'est Daech'.
- Jean-Michel Aphatie : Mais vous le dites vous-mêmes, il y a des photos qui sont impubliables. Donc si la famille du pilote jordanien s'émeut, vous allez la retirer aussi ?
- Wallerand de Saint Just : S'il y a des photos qui sont impubliables, il y a des propos qui ne doivent pas être tenus. [...] Ces photos sont publiées depuis longtemps, elles sont accessibles.
"
Voilà, c'était donc l'un des principaux cadres du Front national expliquant que si Marine Le Pen a publié les photos de propagande de Daech, la responsabilité en incombe à Google.
À LIRE SUR EUROPE1.FR :
> Photos de Daech publiées sur Twitter : que risque Marine Le Pen ?