Le traité budgétaire européen maintenant voté, place au "sérieux budgétaire" ... ou presque. Depuis plusieurs semaines, des voix s'élèvent à gauche pour faire remarquer que l'objectif des 3% de déficit public en 2013 n'est peut-être pas des plus réalistes.
Ce 10 octobre sur RTL, c'est Laurent Fabius qui a émis quelques réserves. Pour le ministre des Affaires étrangères, on doit "viser" les 3% d'ici à deux ans mais la conjoncture peut changer le calendrier :
"Il faut viser cet objectif. (...) Le viser et si possiblel'atteindre.
Il faut absolument respecter la règle mais je suis un économiste, je sais comment les choses se passent. Si vous avez en Allemagne une croissance qui fait défaut, aux Etats-Unis une croissance qui fait défaut, en Asie une croissance moins forte … ça aurait nécessairement des conséquences.
"
Laurent Fabius vient donc s'ajouter à la liste des 3%-septiques. Tous sont d'accord avec le principe du sérieux budgétaire, mais c'est l'année butoire - 2013 - qui cloche.
Le 29 septembre, Claude Bartolone a jugé tout simplement "intenable" ce calendrier si la croissance n'est pas au rendez-vous. Le président de l'Assemblée nationale a fait appel à la commission européenne pour assouplir la règle :
"On ne peut pas demander le même effort aux pays européens lorsqu'il y a croissance que lorsqu'il n'y en a pas.
"
Le 1er octobre, Harlem Désir a assuré que le taux de 3% devait être atteint ... mais peu importe l'année. Pour le futur premier secrétaire du PS :
"Les 3%, c'est un des moyens si les conditions économiques le permettent. Qu'il se fasse une année ou une autre année, ce n'est pas la question essentielle.
"
Le même jour, Jean-Christophe Cambadélis signait une tribune dans Libération en tant que premier vice-président du Parti socialiste européen :
"Tout le monde sait qu’il faut une trajectoire plutôt qu’un objectif absolu de réduction du déficit public.
Tout le monde sait que la réduction à 3% du déficit fin 2013 est peu réaliste, alors que la prévision de croissance hier à 1,2, aujourd’hui à 0,8, risque demain d’être quasi nulle et que la zone euro devrait voir son PIB baisser en 2012.
"
Autant de déclarations chez les socialistes bien opposées à celles de François Hollande. Le 7 septembre, le président de la République montrait son inflexibilité devant la Cour des comptes : "Je confirme l'engagement pris par la France de ramener le déficit à 3% fin 2013."