Fichiers d'adhérents UMP : Copé et Fillon en flagrant délit de spams

Publié à 11h20, le 24 août 2012 , Modifié à 12h57, le 25 août 2012

Fichiers d'adhérents UMP : Copé et Fillon en flagrant délit de spams
Jean-François Copé et François Fillon le 4 septembre (Maxppp)

INFO LAB– Les soutiens des deux principaux prétendants à la direction de l’UMP multiplient les envois de mails appelant à soutenir leurs poulains respectifs, sur les bases de données des adhérents UMP.

Le Lab publie plusieurs de ces courriels, envoyés à des dizaines de milliers de militants par les deux camps, en violation complète des règles électorales du parti.

"Nous le faisons car nous constatons l’inanité des règles internes qui encadrent la campagne", revendique Philippe Goujon, soutien de l'ancien premier ministre et patron de la fédération UMP de Paris, qui en profite pour réclamer, une nouvelle fois, que Jean-François Copé abandonne son fauteuil de patron du parti au plus tôt. "Manoeuvre digne d'un éléphant dans un magasin de porcelaine", répond l'entourage de Jean-François Copé.

  1. Utilisation interdite des bases de données des adhérents

    Sur le papier, l’affaire est entendue. Le temps de la campagne électorale interne, il est "strictement interdit à tout cadre de l’UMP (national ou local) de recourir aux fichiers des adhérents pour soutenir ou promouvoir une candidature".

    C’est écrit, noir sur blanc, dans le "Guide électoral"élaboré par la "Commission d’organisation et de contrôle des opérations électorales" du parti, plus connue sous son acronyme de "Cocoe", un document approuvé par le bureau politique du parti le 18 juillet 2012.

    Voici, donc, la manière dont est encadré, en théorie, le recours aux fichiers de militants :

    Problème ? Aucun des camps des deux principaux candidats, l'ancien Premier ministre François Fillon et l'actuel patron du parti, Jean-François Copé, ne semble se conformer à cette consigne, comme le montrent des mailings de mobilisation dont Le Lab a obtenu copie.

    Ainsi les adhérents de la fédération de Paris ont-ils reçu, mardi 21 août, un courriel reproduisant "l'appel de 144 élus et cadres parisiens à parrainer la candidature Fillon à la présidence de l'UMP" :

    Contacté par Le Lab, Philippe Goujon, initiateur de cet appel et député-maire du XVe arrondissement reconnaît être à l'origine de cet envoi interdit :

    Nous le faisons en raison de l’inanité des règles internes qui encadrent la campagne.

    Le camp Copé a usé à plusieurs reprises de ces méthodes, et nous sommes face à une inégalité de moyens trop forte.

    C'est ce même Philippe Goujon qui, mi-juillet, a dénoncé les moyens "déloyaux" du camp Copé, notamment l'envoi de SMS d'anniversaire aux adhérents signés Jean-François Copé. Il a également estimé que le bureau politique de l'UMP était en train de devenir "une association des amis de Copé".

    Le patron de la fédé UMP de Paris remet en question l'indépendance de l'organe de contrôle mis en place à l'intérieur du parti, la "Cocoe":

    C'est un organe totalement contrôlé par Copé, qui y a casé tout le service contentieux de l'UMP, qui lui est évidemment acquis.

    Sitôt contactés, les partisans de François Fillon se font d'ailleurs un plaisir d'adresser au Lab ... des mailings concurrents. Ils ont été envoyés aux adhérents par la fédération UMP de Seine-et-Marne, le "fief" de Jean-François Copé.

    Ainsi, cet email dont Le Lab n'a pu constater la date d'envoi mais que les partisans de François Fillon situent "au 21 août". Les parlementaires de Seine-et-Marne y collectent des parrainages pour leur poulain Copé. En tout illégalité, ces signatures doivent être renvoyées ... directement à la fédération UMP de Seine-et-Marne :

    Contacté par Le Lab, Christian Jacob, l'un des signataires de cet email, président de la fédération UMP de Seine-et-Marne et patron du groupe UMP à l'Assemblée, n'a pas souhaité commenté cet envoi :

    Il n'a rien de spécial à déclarer. Jan-François Copé est secrétaire départemental, Christian Jacob en est président.

    Témoin de la tension qui croît, progressivement, dans ces deux camps, la décision de Dominique Dord, trésorier de l'UMP, de retirer la candidature qu'il souhaitait présenter à la tête du parti, jeudi 23 août.

    En appelant à soutenir François Fillon, l'élu fustige la gestion de l'UMP de la campagne interne :

    La communication du parti n'est pas impartiale : elle travaille ouvertement et sans complexe pour Jean-François Copé.

    Non seulement la compétition est cadenassée à triple tour mais en plus elle ne se déroule pas à armes égales.

    Comme d'autres, il demande le départ de Jean-François Copé de son poste de secrétaire général. Interrogé par Le Figaro, David-Xavier Weiss, secrétaire national du parti, assurait voir dans ces demandes de départ répétées de la "fébrilité" de la part des amis de Fillon, dénonçant "une manœuvre inélégante, digne d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, de la part de ceux qui prétendent donner aux autres des leçons de probité".

    Jean-François Copé doit officiellement annoncer sa candidature dimanche 26 août, dans les Bouches-du-Rhône.

    Antoine BAYET et Delphine LEGOUTÉ

Du rab sur le Lab

PlusPlus