Fillon a-t-il pistonné des proches au Conseil économique, social et environnemental ?

Publié à 18h19, le 02 avril 2012 , Modifié à 19h07, le 02 avril 2012

Fillon a-t-il pistonné des proches  au Conseil économique, social et environnemental ?
Rachida Dati et François Fillon en octobre 2010. A l'époque, entre eux, tout allait bien. (Reuters)

Rachida Dati en veut à François Fillon. Depuis plusieurs mois, l’ancienne protégée de Nicolas Sarkozy et l’actuel Premier ministre sont en guerre ouverte autour de l’investiture pour un siège de député dans une circonscription huppée de Paris.
Dernier missile en date : la maire du 7e arrondissement accuse l’hôte de Matignon de procéder à des nominations de complaisance au Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour favoriser son élection aux législatives. Parmi la dernière vague de désignations, 12 sont des membres de l’UMP, dont 4 sont particulièrement proches de François Fillon.

  1. Qui sont les pistonnés ?

    Sur lecese.fr

    François Fillon a nommé au Conseil économique et social des personnes qui n'ont rien à voir avec leur compétence, simplement parce qu'ils sont parisiens et qu'ils peuvent l'aider dans le cadre de sa campagne (...)

    Moi ça me choque, je ne fais pas de la politique comme ça.

    Voilà, c'était dimanche 1er avril, au micro de Radio J, et cette sortie, lourde, constituait le deuxième acte des accusations de "favoritisme" portées par Rachida Dati, ci-devant maire du 7e arrondissement de Paris, contre François Fillon, Premier ministre et futur candidat aux législatives à Paris. 

    Dans le viseur de l’ancienne ministre de la Justice : des nominations de complaisance qu’aurait accordé le Premier ministre à des proches au Conseil économique, social et environnemental (CESE), afin de favoriser sa candidature aux législatives à Paris. Un retour d’ascenseur.

    Qu'en est-il ? Le Lab a passé à la loupe les dernières nominations au CESE, troisième assemblée de la République, composée des "forces vives de la Nation" et organe consultatif qui a pour rôle de conseiller le gouvernement et les assemblées parlementaires. 

    Un décret du 6 mars 2012 a officialisé les désignations de 72 nouveaux membres du CESE, sur les 233 conseillers officiels du CESE.

    Parmi eux, 12 sont membres de l’UMP. Et quatre sont particulièrement proches de François Fillon

    • Alain Destrem, élu filloniste du XVe arrondissement ;
    • Joëlle Chérioux de Soultrait, également élue du XVe arrondissement ;
    • Laurence Douvin, élue du XVIIe arrondissement ;
    • Pierre Touchard, ancien maire de Sablé-sur-Sarthe, successeur de François Fillon. 

    Ces nominations sont celles qui dérangent Rachida Dati. La maire du 7e arrondissement voit là une méthode pour remercier des élus qui ont soutenus à la candidature de François Fillon à Paris. 

    Et plus généralement, les membres de l’UMP se taillent une belle part du gâteau.

    Dans la section de l'aménagement durable des territoires, 5 des 8 nominations reviennent à des membres du parti présidentiel. 

    Des désignations que la CGT du CESE dénonçait déjà le 13 mars. Le confédération syndicale parlait ainsi de nominations "entre précipitation et renvoi d’ascenseur" :

    Ces nominations interviennent six semaines avant les élections présidentielles, elles sont l’occasion de remercier un certain nombre de personnes membres de l’actuelle majorité, la grande majorité des élus ou anciens élus nommés sont tous encartés à l’UMP.

    Des propos que reprend donc à son compte Rachida Dati, qui trouve chez la CGT un bon allié de circonstance

    Le Lab a scanné les nominations au CESE du 6 mars, en rappelant les professions d'origine des nouveaux conseillers :

  2. Sur 72 nominations, 12 UMP et 7 proches

    Le décret du 6 mars rend compte de 72 nominations. Parmi les nouveaux membres du Conseil économique, social et environnemental, 12 pointent à l’UMP : 

    • M. Alain DESTREM, élu UMP du XVe arrondissement ; 
    • M. Albert GIBELLO, ancien maire UMP d'Albertville ; 
    • M. Gilbert MEYER, maire de Colmar ;
    • M. Yannick TEXIER, ancien sénateur ;
    • M. Pierre TOUCHARD, ancien maire de Sablé-sur-Sarthe
    • M. Jean-Louis de MOURGUES, maire de Courseulles sur Mer ;
    • Mme Catherine SOULLIE, secrétaire départementale adjointe dans le Loiret, suppléante de Brice Hortefeux au Parlement européen ; 
    • Mme Laurence DOUVIN, élue du XVIIe arrondissement ; 
    • Mme Hélène TANGUY, ancienne députée ;
    • Mme Joëlle CHERIOUX de SOULTRAIT, élue du XVe arrondissement ; 
    • Mme Anne COURTILLE, élue d'opposition à Clermont-Ferrand ; 
    • Mme Isabelle SEVERINO, ancienne gymnaste, présente sur la liste UMP aux municipales à Montmorency ;

    D'autres ne sont pas encartés à l'UMP, mais peuvent être qualifié de “proches” de la droite présidentielle. 

    • M. Jean-Marc PLANTADE
    • M. Thierry CORNILLET
    • M. Alain TERRENOIRE
    • M. Eddie PUYJALON
    • M. Jean-Marie BELIN
    • M. Vladimir MITROFANOFF
    • M. Jean-Marc MONTEIL
    • M. Bernard LEPIDI

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