Mauvais point pour François Fillon. Dans Des paroles et des actes le 25 octobre, l’ancien Premier ministre a commis un faux pas en donnant une explication très alambiquée sur le plan social à PSA.
On retient de son intervention que Nicolas Sarkozy a demandé au groupe automobile de "repousser son plan social" après l’élection présidentielle. Une déclaration aussitôt dénoncée à gauche par Najat Vallaud-Belkacem mais aussi critiquée à droite par Xavier Bertrand.
Depuis, l’équipe de François Fillon tente de rattraper le coup en parlant d’ "interprétation erronées" et même de "désinformation". Le Lab revient sur le parcours de cette boulette.
"Il n'a pas demandé qu'on repousse l'annonce, mais le plan social"
[25 octobre / 21h10] Dans Des paroles et des actes Nathalie Saint-Cricq soumet à François Fillon un passage de l’ouvrage de Camille Pascal, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Il y raconte comment l'ancien chef d'Etat a réussi à "faire revenir le patron de Peugot sur son projet" en pleine campagne présidentielle.
Qu’en dit l’ex-Premier ministre ? Il se lance dans une réponse alambiquée, différenciant "choix éthique" et "choix politique" :
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C’est absolument faux ce que vous dites. Il ne demande pas qu’on repousse l’annonce, il demande qu’on repousse le plan social.
Ca ne revient pas du tout au même car vous me parlez d’éthique et moi je vous parle de politique. C'est un choix politique, qu’on peut discuter d’ailleurs. Mais c’est un choix qu’il fait en disant à l’industrie automobile en disant : je n’accepte pas que vous licenciez et je vais vous aider (…)
C’est qu’il a fait pendant cinq ans. Il aurait été un peu étrange qu’à la veille de l’élection, le président de la République qui avait tout fait pour empêcher les licenciements dans l’industrie automobile lui dise : "Mais allez-y je vous en prie, c’est le moment de le faire."
"[21h15] L’AFP rédige dans la foulée un "urgent" intitulé : "Sarkozy a demandé à PSA de repousser son plan social" après la présidentielle puis complète avec le verbatim. L’information est donc largement relayée et reprise en ces termes.
(Najat Vallaud-Belkacem sur France 2)
[26 octobre / 7h50] Invitée de France 2, Najat Vallaud-Belkacem est la première à réagir à gauche. Pour elle, François Fillon a enfin avoué un fait dénoncé par les socialistes depuis leur arrivée au pouvoir, et notamment par elle en juillet : "Le gouvernement a obtenu le silence de PSA pour s’éviter de subir les foudres en pleine campagne électorale d’une telle annonce."
Elle s’exclame donc :
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Le Premier ministre de Nicolas Sarkozy a reconnu que ce dernier avait demandé à PSA de repousser son plan social après l’élection présidentielle. Ce que nous dénoncions depuis des mois, François Fillon l’a reconnu hier soir !
"(Xavier Bertrand sur RTL)
[Même heure] Autre chaine, autre parti. Au même moment sur RTL, Xavier Bertrand– alors qu’il vient d’annoncer qu’il voterait pour François Fillon – dézingue lui aussi les propos de l’ex-Premier ministre :
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J’ai participé à beaucoup de réunions et je n’ai pas le même souvenir. J’ai par contre un souvenir très clair : une constance de Nicolas Sarkozy pour dire qu’il ne voulait pas de fermeture de sites de l’industrie en France.
"[11h30] Le démenti ne tarde pas à arriver. François Fillon se fend d’un communiqué pour "dénoncer les interprétations erronées de ses propos". Et se lance dans une reformulation plus lisse :
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Nicolas Sarkozy n'a pas demandé qu'on repousse l'annonce du plan social, mais que tout soit tenté pour l’éviter, comme il a toujours essayé de le faire pour toutes les entreprises pendant cinq ans.
"Sur twitter, ses lieutenants lancent eux-aussi une campagne de réhabilitation, comme Valérie Pécresse :
Stop à la désinformation sur PSA. Se battre contre la fatalité des plans sociaux c'est le marqueur du Sarkozysme #sauvetageautomobile — Valérie Pécresse (@vpecresse) October 26, 2012
Trop tard, "mal interprétée" ou non, les propos de François Fillon sont venus confirmer d’autres déclarations en ce sens, notamment ceux du directeur des marques chez PSA en juillet. Ce dernier avait alors concédé : "On n’allait pas mettre [le plan social] sur la table pour en faire un enjeu de la campagne électorale."