"J'aimerais être certain qu'il ne pensait qu'à l'intérêt de la télévision". En une phrase lapidaire Jérôme Cahuzac a sous-entendu ce 23 août, sur BFMTV, qu'Alain Minc avait conseillé à Nicolas Sarkozy la suppression de la pub après 20h ... pour favoriser ses propres intérêts.
Le ministre du Budget a également plaidé pour le retour de la publicité sur cette plage horaire.
Pour un retour de la publicité après 20h
Sur BFMTV
Le visiteur du soir qui, entre 20h30 et 20h48, a convaincu à l’époque Nicolas Sarkozy de supprimer la publicité... Ca m'étonnerait qu'il arrive à convaincre François Hollande de la même chose.
[Il l'a convaincu] pour des raisons sur lesquelles, d’ailleurs, il serait intéressant un jour de se pencher ... J’aimerais être certain qu’il ne pensait qu’à l’intérêt de la télévision publique.
Sans le citer, sans aller plus loin dans ses accusations, Jérôme Cahuzac a clairement suspecté Alain Minc, conseiller de Nicolas Sarkozy, d'avoir oeuvré à la fin de la publicité après 20h sur les chaînes publiques... pour des intérêts privés.
Ce 23 août, sur BFMTV, Jean-Jacques Bourdin le reprend :
Vous parlez d'Alain Minc ?
Jérôme Cahuzac ne dément pas :
C'est vous qui l'avez cité.
Depuis février 2008 et un article du Monde, on sait qu'Alain Minc, "le visiteur du soir", a vendu l'idée à Nicolas Sarkozy avec cette suggestion :
Tu dois continuer à jouer à contre-emploi. Pourquoi pas sur la télévision ? François Mitterrand l'avait privatisée, tu peux être celui qui va la nationaliser.
En 2010, Mediapart [article payant] publie une enquête sur le sujet. Le site d'investigation accuse Alain Minc d'avoir bénéficié de cette réforme, et tout particulièrement de la privatisation de la régie pub de France Télévisions qui a suivi la suppression de la publicité après 20h.
Par son sous-entendu, et tout en restant vague, Jérôme Cahuzac réveille donc ces accusations.
> Sur le fond, Jérôme Cahuzac s'est également dit favorable au retour de la fameuse publicité après 20h.
Pour le comprendre, petit retour en arrière : en 2008, lors de l'instauration de la fin de la publicité, il a fallu trouver une ressource nouvelle pour contrebalancer la perte financière. L'Etat a donc instauré une nouvelle taxe sur les opérateurs télécoms.
Or, cette taxe est contestée par les instances communautaires européennes et pourrait être tout simplement censurée. Dans cette situation, le gouvernement devrait trouver une ressource de remplacement. Le ministre du Budget tient donc ce raisonnement :
Il n’y a que deux solutions : soit une autre taxe, soit la publicité à la télévision. (...)
Dans le cas de la censure de cette taxe, la recommandation que je ferais au Premier ministre et au président de la République serait de rétablir bien évident cette publicité.
On ne va pas créer, encore, une taxe de plus.