François Hollande n’assume pas ses couacs de com’

Publié à 18h48, le 29 juin 2012 , Modifié à 18h49, le 29 juin 2012

François Hollande n’assume pas ses couacs de com’
(Reuters)

François Hollande n’aime pas beaucoup qu’on lui mette le nez dans ses couacs de com’. Et sait le faire comprendre. Lors d’une conférence de presse ce 29 juin, un journaliste de Libération lui demande d’expliquer ses changements d’annonces sur la baisse de 2.5% par an des effectifs publics. La question se pose: le 20 juin, Le Figaro publie ce chiffre, le lendemain François Hollande dément, une semaine plus tard Matignon confirme.
Visiblement agacé, François Hollande se comporte comme si la précision n’avait pas lieu d’être et se fait cassant : "Votre question était tout à fait utile et pertinente !"

  1. "Est-ce que je suis clair ?!"

    Sur Libération

    C’est l’histoire d’un "couac de communication" [article payant] que François Hollande n’assume pas. Et lorsqu’un journaliste de Libération met le doigt dessus, son humour devient cassant. Petit retour en arrière :

    [20 juin]Le Figaro annonce des "coupes drastiques en préparation" dans les cartons du gouvernement. L’information surprend quand on sait que François Hollande et Jean-Marc Ayrault veulent arrêter les coupes dans le nombre de fonctionnaires, et notamment la règle du non remplacement d’un départ à la retraite sur deux. Selon le quotidien :

    Les ministères,à l'exception de ceux "prioritaires" (Éducation, Justice et Intérieur), verront ainsi leurs effectifs diminuer en moyenne de 2,5% par an de 2013 à 2015 inclus. Ce qui équivaut au non-remplacement de deux fonctionnaires sur trois partant à la retraite.

    [20 juin, plus tard] En plein sommet de Rio, François Hollande est interrogé sur ce chiffre et dément devant quelques journalistes:

    Cela me paraît invraisemblable. (…) Si cela était le cas, j'en aurais été informé, tout de même.

    Libération raconte qu’au ministère du Budget, la direction de la communication dénonce même des chiffres "absurdes" qui ne "collent absolument pas avec ce sur quoi nous travaillons".

    [28 juin] Le communiqué de Jean-Marc Ayrault tombe… et vient confirmer les chiffres du Figaro :

    Des efforts de -2.5% par an sur les autres secteurs seront donc nécessaires.

    Les secteurs non concernés par cette baisse sont l’Education, la Justice et l’Intérieur. Tous les autres y ont droit, et c’est bien ce qu’écrivait Le Figaro.

    [29 juin] Le journaliste de Libération met François Hollande devant cette incohérence en pleine conférence de presse, assurant au chef de l’Etat que son Premier ministre lui-même "l’a écrit dans son communiqué".

    Visiblement agacé, François Hollande campe sur ses positions : il n’y a eu aucun couac dans les annonces, les chiffres du Figaro n’ont rien à voir avec ceux de Jean-Marc Ayrault :

    Je vais être aussi précis qu’il l’a été : les effectifs de la fonction publique ne baisseront pas globalement,  est-ce que je suis clair ?!

    Mais comme nous allons créer des emplois dans un certain nombre de ministères - éducation, justice, police, gendarmerie - eh bien dans d’autres ministères nous n’allons pas remplacer tous les fonctionnaires qui partent à la retraite. Pour une stabilité des effectifs de la fonction publique.

    François Hollande a beau dire que Le Figaro avait tort – insistant sur la notion de "baisse globale"– c’est pourtant bien ce qu’indiquait le quotidien, qui a pris soin d’exclure l’Education, l’Intérieur et la Justice de ses prévisions. Qu’importe, le chef de l’Etat ne reconnait pas son erreur. Et pour s’en tirer, moque le journaliste, cassant :

    Si vous avez d’autres invraisemblances à lever…

    Votre question était tout à fait utile et pertinente !

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