Imbroglio socialiste autour de René Dosière

Publié à 17h43, le 13 juin 2012 , Modifié à 17h43, le 13 juin 2012

Imbroglio socialiste autour de René Dosière
Fawaz Karimet (affiche électorale) et René Dosière (Maxppp) sont opposés dans la 1ere circonscription de l'Aisne

INVESTI DISSIDENT – Il était dissident et devient l’officiel quand l’investi passe en dissidence. Incompréhensible? C’est pourtant le méli-mélo que connait la 1ère circonscription de l’Aisne.

Le candidat jusque là dissident, René Dosière, est arrivé en tête au premier tour. Le parti socialiste le considère donc à présent comme son favori et souhaite que Fawaz Karimet, pourtant investi par le parti, se désiste… ce qu’il refuse.

Retour sur un imbroglio de campagne.

  1. L'investi devient dissident

    René Dosière est un de ces élus de gauche qui a mal vécu le fait de ne pas être investi par le Parti socialiste. Il se retrouve pourtant aujourd’hui en position de force : arrivé en tête au premier tour avec 29% des voix, ce spécialiste du train de vie de l’Etat a les honneurs du parti. Le 11 juin, le PS a appelé à voter pour lui… laissant ainsi sur le carreau son candidat investi, Fawaz Karimet, toujours en lice dans une triangulaire.

    Depuis, l’investi se rebelle contre le dissident, pas question pour lui de se retirer de la course. Retour sur l’investiture manquée du Parti socialiste.

    [20 mai 2012]   René Dosière, député sortant de la 1ère circonscription de l’Aisne, pique une grosse colère sur son blog. Il vient d’apprendre que, pour la deuxième fois de suite, le Parti socialiste lui refuse son investiture et lui préfère Fawaz Karimet.

    Incompréhensible pour cet homme de gauche, connu à l’Assemblée pour son oeil expert sur les questions de déontologie et auteur notamment de la note sur la réduction du train de vie des ministres pour Jean-Marc Ayrault.
    Officiellement, le parti ne l’investit pas car René Dosière refuse de prendre Fawaz Karimet comme suppléant. Officieusement, l’élu à une autre idée:

    On cherche à me faire taire de manière à ne gêner ni les socialistes locaux– la fédération socialiste locale dont les pratiques gestionnaires sont assez éloignées de ce que je propose – ni à Paris, où un certain nombre d’apparatchiks trouvent que je suis trop libre et peut-être trop indépendant.

    Cet avis, il ne se gêne pas pour le partager auprès des médias durant la campagne.

    [10 juin]   Populaire dans sa circonscription, René Dosière sort en tête du premier tour avant 29% des voix. Il devance la candidate Nouveau centre Aude Bono (26,5%) et Fawaz Karimet (21,5%). Le socialiste investi parvient tout juste à se hisser dans une triangulaire.

    [11 juin]    Un candidat de gauche doit se désister si un autre candidat de gauche est mieux placé que lui: telle est la règle chez les socialistes. Le parti appelle donc  les électeurs à voter pour René Dosière… et préfère ainsi le dissident à l’investi.

    A l’annonce de ces résultats, Fawaz Karimet semble hésiter. Il dépose sa candidature "à titre conservatoire" en précisant à l’AFP qu’il peut encore la retirer. La situation est du déjà-vu : en 2007, les deux hommes s’étaient retrouvés l’un contre l’autre avec un René Dosière, dissident, en tête. Fawaz Karimet avait alors pris la décision de se désister.

    [12 juin]   2012 est une autre année. Cette fois-ci, le socialiste veut se maintenir. A 23h, il annonce sur twitter que, malgré les consignes de son parti, il se maintient face à René Dosière… et devient ainsi dissident du dissident.

    Candidature déposée après discussions avec les militants, convaincus de la démarche #circo0201

    Sur son blog, le candidat explique les raisons de son maintien. Se désister, il a déjà donné:

    Malgré le matraquage médiatique, le député sortant, candidat pour la cinquième fois, n’obtient que 29 % des suffrages exprimés.

    Il y a 5 ans, je m’étais désisté spontanément pour le député déjà sortant. Malgré cela, il a refusé toute proposition de rapprochement. S’il avait accepté, il n’y aurait pas aujourd’hui de second tour. (...)

    Choisi par les militants et investi par le parti socialiste et seul candidat de la majorité présidentielle au 1er tour, je ne me suis pas auto-désigné !

    [13 juin]   Rebondissement amusant dans le duel Dosière/Karimet. La femme du président PS du Conseil général de l'Aisne, Eliane Daudigny, publie un message de soutien sur sa page facebook pour le désormais dissident Fawaz Karimet. Peut-être inspirée par le tweet de Valérie Trierweiler au dissident Falorni...

    C'est Fawaz Karimet que je soutiens pour sa proximité avec tous, sa fidélité, sa générosité. il vous défendra à l'Assemblée, il défendra son département à 100%.

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