21 avril 2002, 23 avril 2017 : à quinze ans d'écart, le Front national se hisse au second tour de l'élection présidentielle, au détriment tout particulièrement du Parti socialiste. Ce dimanche soir, le candidat du PS Benoît Hamon est loin très loin de la qualification, avec entre 6 et 7% des voix, appelant à voter "pour Emmanuel Macron" pour "faire battre le Front national" et sa candidate, Marine Le Pen. Mais contrairement à Lionel Jospin en 2002, battu au premier tour avec 16,18%, il n'annonce pas son "retrait de la vie politique". Bien au contraire.
Premier de tous les candidats à prendre la parole, dès 20h10, le vainqueur de la primaire de la Belle Alliance Populaire ne s'est pas caché derrière son petit doigt. "J'ai échoué à déjouer le désastre qui s'annonçait depuis plusieurs mois et peut-être plusieurs années. J'en assume pleinement la responsabilité sans me défausser sur les circonstances du quinquennat ni les trahisons [de certains cadres du PS, ndlr]. C'est la seule attitude que me dicte mon éthique politique", a-t-il déclaré, tandis que ses supporters criaient "noooooon". Une scène qui commençait donc à ressembler très fortement au discours de défaite de Lionel Jospin il y a quinze ans.
Mais la suite allait être très différente. Il a pointé la responsabilité de "la gauche" et du PS dans sa défaite, que les électeurs ont voulu "sanctionner selon lui" :
"Cet échec est une profonde meurtrissure. Je mesure la sanction historique, [il articule clairement, ndlr] lé-gi-time que vous avez exprimée envers le Parti socialiste. L'élimination de la gauche par l'extrême droite pour la seconde fois en quinze ans n'est pas seulement une lourde défaite électorale, elle signe pour notre pays aussi une défaite morale, en particulier pour la gauche.
La gauche, toute la gauche, doit entendre dès ce soir votre message. Assez ! Assez de cette folie auto-destructrice qui nous a fait oublier ceux qui ont lutté pour la gauche dans l'histoire, mais aussi et surtout ceux pour qui la gauche doit lutter au quotidien.
"
Vantant sa "campagne fondatrice qui a redonné sa place à la magnifique jeunesse de notre pays, aux intellectuels et aux idées nouvelles, aux citoyens aussi", il a jugé que son aventure présidentielle avait semé "des graines pour l'avenir". Et de plaider pour une "renaissance" de la gauche, dans laquelle il veut jouer un rôle central. "Je ne déserterai jamais", a-t-il ainsi annoncé :
"La gauche n'est pas morte. Je sais que vous n'attendez pas une recomposition d'appareil, les arrangements d'un vieux monde politicien épuisé par une Ve République elle-même à bout de souffle. Vous attendez une renaissance. Ce soir, elle est douloureuse. Demain, elle sera féconde. Je ne vous la promets pas, je vous la demande. La gauche du 21e siècle ne peut naître que de vos volontés et de vos espoirs, pas seulement de votre colère.
[...] L'heure est grave, le combat continue. Dès le second tour de l'élection présidentielle, dès les législatives qui suivront. Ce soir, je ne pense qu'à celles et ceux qui nous attendent. Je ne les abandonnerai jamais. Je ne déserterai jamais. Pas seulement parce que c'est le devoir de la gauche, mais parce que c'est le combat de ma vie. Parce que je sais d'où je viens, parce que je sais pour qui je me bats, je ne renoncerai jamais à parler à l'intelligence du grand peuple que vous êtes. Ce soir, que vive la République, et que demain vive la gauche.
"
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