En 2002, peu avant le premier tour de l'élection présidentielle, la perspective de ne pas être au second tour et de se faire dépasser par le FN faisait rire Lionel Jospin. Onze ans plus tard, Jean-Christophe Cambadélis considère que le parti de Marine Le Pen est "aux portes du pouvoir".
C'est ce qu'explique le député de Paris dans une interview accordée à France-Soir, désormais magazine pour tablette.
L'ancien candidat malheureux au poste de premier secrétaire du Parti socialiste lance une alerte à ses camarades : oui, le danger du Front national existe. Et plus que jamais.
C'est en substance ce qu'il assure, pointant les futures municipales, mais aussi la prochaine élection présidentielle :
Les socialistes doivent comprendre la situation dans laquelle nous sommes : le pays se relève dans la difficulté à cause du bilan que nous a laissé la droite. Cela provoque du mécontentement et sur la base de ce mécontentement, le Front national est aux portes du pouvoir, aujourd’hui dans les municipalités, demain dans les régions, et peut-être même à la présidentielle.
Si le Front national accédait aux responsabilités, "ce serait la guerre civile", juge Jean-Christophe Cambadélis. "Et pas seulement dans les mots", précise-t-il. Parlant d'un "régime d'apartheid" qui se mettrait en place, avec la séparation de deux France : celle, xénophobe, qui pense que les problèmes viennent de l'étranger, et l'autre.
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Le FN porte le désordre comme la nuée porte l’orage.
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La sortie de l’euro ruinerait l’ensemble des familles françaises. La France ne serait plus le pays des droits de l’homme…
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Certains adhèrent à la grille de lecture principale du FN qui est la xénophobie. Il y a une tentative d’OPA du FN sur l’une des deux France, celle qui estime que les problèmes viendraient de l’étranger, de l’Europe ou du Maghreb et qu’il faudrait rester entre soi pour se protéger. Cette idée de préférence nationale, l’opposition entre les Français de souche et les Français de papiers… Certains soutiennent ces idées mais ils ne se rendent absolument pas compte que c’est un régime d’apartheid qui se mettrait en place.
La montée du parti d'extrême droite est pour Jean-Christophe Cambadélis "la question centrale". Et pour l'affronter, il voit un rempart : le ministre de l'Intérieur. Et il invite les socialistes à ne pas tirer dans les pattes de cette carte anti-FN.
La question centrale, aujourd’hui, c’est le Front national. Manuel Valls est l’une de nos cartes contre la montée du FN et il serait ridicule de s’en priver.
Mais le PS n'a-t-il pas intérêt à avoir un FN fort, pour affaiblir la droite, comme le suggère certaines voix à l'UMP ? "Cette idée est dérisoire", tranche le député de Paris qui considère qu'il ne faut pas faire du Front national "l'élément central de la vie politique".
C’est indiquer aux électeurs de l’UMP que le PS n’est pas fréquentable et ça brise le front républicain. Tout cela permet à Marine Le Pen de s’imposer petit à petit.