JUSTE UNE MISE AU POINT - Lundi 18 juillet, Bruno Le Maire était l'invité du journal de 20 heures, sur France 2. Le député de l'Eure a fustigé un "échange de ping-pong" entre le gouvernement et l'opposition, qui se renvoient depuis l'attentat de Nice des accusations d'indignité et d'incompétence.
Sur la lutte contre le terrorisme, Bruno Le Maire a développé un thème qu'il avait déjà exposé, celui d'"islam politique"."Il faut mener une guerre impitoyable contre l'islam politique", a-t-il prôné et "un combat culturel". Seulement, il y avait à ce moment-là devant l'écran un homme politique à la retraite, intellectuel à ses heures, qui a tiqué devant le maniement de ce concept. Cet homme s'appelle Jean-Pierre Chevènement, 77 ans.
Invité de RFI ce mardi 19 juillet, l'ex-ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin conteste un mot "beaucoup trop général". Et en profite pour donner un petit cours de géopolitique express au candidat à la primaire de la droite. L'ancien député-maire de Belfort rappelle que la France entretient des relations cordiales avec plusieurs pays musulmans, en citant l'Iran, la Turquie ou encore le Maroc :
"J’entendais Monsieur Bruno Le Maire hier nous expliquer à la télévision que nous étions en guerre contre l’Islam politique, et il a répété plusieurs fois cette expression. Je dis non, ce n’est pas exact. Le mot islam politique est beaucoup trop général. Est-ce que nous allons rompre nos relations diplomatiques avec la Turquie, avec l’Iran ? Ce sont des régimes islamistes. Avec le Maroc, dont le roi est le commandeur des croyants, dont le Premier ministre est un islamiste ? Je pense qu’il faut employer les mots justes.
"
Voilà Bruno Le Maire, qui considérait il y a quelque temps son intelligence comme un "obstacle" pour être élu, repris sévèrement sur la précision d'un de ses concepts. Comme un élève se ferait taper sur les doigts par un vieux professeur pointilleux.
Sur Twitter, Jean-Pierre Chevènement s'est prononcé pour l'emploi de l'expression "terrorisme djihadiste" pour évoquer le mal à combattre, incarné par l'organisation terroriste Daech.
Nommons réellement l’adversaire que nous voulons combattre. C’est le terrorisme qui se dit djihadiste @BrunoLeMaire
— J-P. Chevènement (@chevenement) 19 juillet 2016
Le 26 juin dernier, Bruno Le Maire a développé sur Canal+ son concept de "combat contre l'islam politique", qu'il souhaite voir disparaître de France. Il a semblé en faire un synonyme de "salafisme", cette pratique de l'islam rigoriste, fondée sur l'application de la Charia et le retour à l'islam dit des origines :
"L’islam doit trouver sa place dans le cadre de la culture française. C'est quoi la culture française ? Que les religions se soumettent à l'État. [...] Pour être un bon musulman, il faut d'abord être un bon citoyen français. [...) Ne soyons pas naïf, il y a un islam politique, il y a du salafisme. [...] Ils sont nombreux, trop nombreux pour être acceptés. L'islam politique n'a pas sa place en France.
"
Considéré de façon autonome, le terme d'"islam politique" ne peut être rapproché du salafisme. Il signifie que la loi se fonde sur des principes religieux, ici l'islam, mais pas forcément sur une pratique de l'islam rigoriste.
Nathalie Kosciusko-Morizet a elle demandé l'interdiction du salafisme en France, dans une tribune publiée ce mardi 19 juillet dans L'Opinion :
"Neutraliser ce qui nourrit Daech et lutter contre la radicalisation, c’est rendre le salafisme illégal et faire naître un islam de France, respectueux de la République.
"