Notre éditorialiste Olivier Duhamel relève les désaccords profonds sur la loi dite d’amnistie sociale, adoptée le 27 février au Sénat et attendant d'être discutée à l'Assemblée nationale.
Des critiques de tous côtés
La droite est vent debout.
L'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, qualifie l'amnistie sociale ainsi :
Un chèque en blanc à la violence.
Pour le MEDEF, il s'agit d’un
appel à encourager la destruction et le cassage.
La gauche est divisée.
Jean-Luc Mélenchon exige une large amnistie des syndicalistes et menace les parlementaires de gauche qui ne la voteraient pas :
On les pourchassera jusque dans les derniers villages de France
Deux ministres , Benoît Hamon et Michel Sapin soutiennent un texte mesuré :
Un message de paix, de dialogue.
Rien qui pourrait être considéré comme une violence vis-à-vis de personnes, rien de ce qui pourrait être la mise en cause d’une autorité publique ne seront amnistiés.
Un troisième, Manuel Valls exprime son désaccord. Il se dit "sceptique sur le principe de l’amnistie" :
Je crois d'abord aux exigences du dialogue social, mûr, responsable dans une démocratie. C'est ça au fond qui permet de lutter contre les dérives, qui permet de lutter pour l'emploi (...) La colère, la violence ne sont pas possibles dans une démocratie comme la nôtre.Relevons, dans le même sens, la tribune d’un magistrat progressiste, Denis Salas, dans La Croix de lundi :
Je me pose la question de savoir si, au lieu de l’apaisement social escompté, cette loi ne va pas aggraver les conflits. Malgré sa prudence, elle envoie un message d’impunité aux auteurs, elle crée un ressentiment chez les victimes et elle légitime les délits a posteriori.
Décidément, la gauche au pouvoir peine à rassembler.