INFO LAB – France 3 a envisagé d’arrêter de diffuser chaque mardi et mercredi les questions d’actualité au gouvernement. Le président de l’Assemblée Claude Bartolone, comme Bernard Accoyer auparavant, sont montés au créneau pour conserver ce programme. Jusqu'à quand ?
"Ce serait une très mauvaise idée"
France Télévisions va mal. Financièrement . Et même si les questions au gouvernement, diffusées chaque mardi et mercredi de 15h à 16h, n’ont pas un coût exorbitant, France 3 s’est posé la question du maintien de leur diffusion, ont assuré au Lab plusieurs sources, confirmant un écho paru le 2 mai 2012 sur PureMedias.com .
Dans les couloirs de l’Assemblée, l’idée d’un arrêt des "QAG" provoque un tollé alors que le groupe France Télévisions bénéficiera d’un cadre rénové dans sa relation avec l’Etat d’ici au début de l’année 2013.
A tel point que Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, a ainsi écrit le 17 octobre à Rémy Pflimlin, le président de France Télévisions, pour lui rappeler son attachement à la diffusion par France 3 de ces questions d’actualité aux ministres dans l’Hémicycle.
Dans ce courrier, que le Lab a pu consulter, le détenteur du perchoir invoque "l’opportunité de voir concrètement fonctionner la démocratie" sur une chaîne hertzienne nationale, "indispensable complément aux chaînes LCP et Public Sénat".
Le site de l’Assemblée nationale précise même, à propos de ce programme, que "la Conférence des présidents, le 28 septembre 1995, a substitué à la séance hebdomadaire d'une heure trente le mercredi, deux séances hebdomadaires d'une heure le mardi et le mercredi, faisant toutes les deux l'objet d'une retransmission télévisée en direct sur la chaîne nationale France 3."
Pour le président de la commission des Affaires culturelles du Palais Bourbon, Patrick Bloche, supprimer ce programme "serait une très mauvaise idée, un très mauvais choix".
Contacté par le Lab, celui qui a intégré le Conseil d’administration de France Télévisions s’explique :
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Thierry Thuillier (directeur général adjoint en charge des rédactions et des magazines d'information de France TV, ndlr) a annoncé un plan Information 2015 pour France Télévisions. Le triptyque fondateur de France Télévisions c’est informer, éduquer, divertir. L’information est un tout.
"Et d’ajouter, expliquant que "si France 3 venait à envisager de supprimer la diffusion des questions au gouvernement", il fera "référence à sa mission de service public inscrite dans la loi tout en ayant le souci d’assurer et de garantir l’indépendance éditoriale" :
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Il y a un public très fidélisé pour les deux séances du mardi et du mercredi.
"Déjà, en 2011, avec la fin de l’analogique et le passage au tout numérique, France Télévisions avait déjà imaginé un arrêt des questions au gouvernement, sous prétexte qu’elles étaient diffusées sur La Chaine Parlementaire en parallèle.
Alors président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer confirme au Lab qu’il était intervenu directement auprès du président de France Télévisions pour écarter l’hypothèse d’une éventuelle suppression de leur diffusion. Le député UMP de Haute-Savoie estime "nécessaire" de maintenir cette diffusion sur le service public.
Contacté par le Lab, France 3, par l’intermédiaire de Catherine Bazin, directrice de la communication de la chaîne, assure que "les rendez-vous sont dans la grille" et qu’il "n’y a pas d’éléments qui concernent un éventuel arrêt".
Qu’en pensent les députés ?
> Jean Lassalle, député MoDem des Pyrénées-Atlantiques
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On a beaucoup de retours car c’est très regardé. Mais nous ne sommes qu’un théâtre d’ombres. Je me demande ce que peuvent penser le papy, la dame qui est devant sa télé. Si par bonheur il y a un jeune, que peut-il en penser ?
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Mais il ne faut pas supprimer cette diffusion. C’est la seule petite relation qui reste pour nos concitoyens avec les élus, avec ceux qu’ils ont choisi en juin dernier. Tout le reste est très feutré, entre gens qui s’y connaissent. Ceci dit, je souhaite que les « QAG » continuent.> Marie-Christine Dalloz, députée UMP du Jura
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Nous avons beaucoup de retours en circonscription. Avant, j’étais assise en haut à l’extrême droite, pas politiquement (rires), de l’Hémicycle et mes administrés me disaient qu’ils ne me voyaient pas souvent. Maintenant, je suis derrière Christian Jacob, le président du groupe UMP, et cela fait une grosse différence en circonscription. Mes administrés me disent que ça leur fait plaisir de me voir.
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Dans les discussions en séance, en commission, on n’est pas visible. Il n’y a que ces séances de questions où il y a une visibilité. Ce sont les deux seuls moments où tout le monde est dans l’Hémicycle.
Et même si ce n’est pas toujours sérieux, ces séances ont le mérite d’exister et de poser les problématiques des faits d’actualité.