La grosse colère de Julien Dray contre la "fausse bonhommie" de François Hollande

Publié à 19h57, le 20 décembre 2012 , Modifié à 20h05, le 20 décembre 2012

La grosse colère de Julien Dray contre la "fausse bonhommie" de François Hollande
Julien Dray, le 9 décembre 2011, à Paris, photo MaxPPP

Il n’écrit pas son nom directement, ne s’adresse pas à son "camarade François", ne cite, nommément, aucun de ses petits camarades devenus ministres.  

A la place, il parle, pêle-mêle, du "gouvernement de gauche", de "l’autorité de l’Etat", une fois du "Président".

Julien Dray livre pourtant, dans un billet publié ce jeudi 20 décembre 2012 sur son blog une lecture très critique de six mois de gouvernement Hollande, et des politiques lancées – sociétales, économiques.

Le verdict général, d’abord, tient en une ligne, qui, sous ses faux airs de constat idéologique, s’attaque également à la personne même du chef de l'Etat : 

La fausse bonhommie camoufle […] fort mal un biais stratégique aussi déterminé qu’implicite.

Regrettant le règne du "buzz [qui] remplace la vision", déplorant que "l’effet d’un twitt (sic) ou d’une déclaration à l’emporte-pièce" puisse désormais "à tout moment […] abîmer […] l’action politique", Julien Dray en appelle, en réaction, à maîtriser "les concepts et donc des buts", au nom d’une "cohérence".

Or, dixit Dray, à l’heure actuelle, tout ceci fait défaut. 

En cause : 

Une forme de verbalisme qui tient lieu de discours et de projet républicain.

Et Julien Dray, qui avait été privé d’accès à la petite fête de victoire de François Hollande sur demande express de Valérie Trierweiler, d’égrener une liste de dossiers qui coincent.

>> En matière économique, d’abord, Dray revient sur deux erreurs du gouvernement : 

- Les propositions de Louis Gallois, d’abord, qui, juge-t-il, tombent comme un cheveu sur la soupe :

Augmentation de la fiscalité des entreprises un jour puis, moins d’un mois après, choc de compétitivité aussi surprenant que peu cohérent avec l’épisode précédent.

-La gestion du dossier Florange, ensuite, dans lequel, selon lui, "l’autorité de l’Etat a été mise en péril". 

Il juge notamment que Jean-Marc Ayrault a fait preuve de "mépris"à l’endroit de son ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg :

A partir du moment où la décision était prise, se succédaient de surcroit manifestation larmoyantes de regrets de l’un, mépris du premier de ses ministres à l’égard d’un des sept occupants de Bercy.

Bref, juge Dray, en matière économique, François Hollande et ses ministres conduisent une politique économique "très classique, empruntant plus au Code des Impôts qu’à la pensée de Keynes".

>> En matière sociétale, Julien Dray raille la frilosité de Hollande sur le mariage homo

La plus affutée des piques de Julien Dray tient toutefois au mariage homo, puisque l’ancien député juge que François Hollande manque singulièrement de conviction sur ce dossier, voire fait preuve d'une trop grande compréhension des arguments homophobes des élus locaux :

Le Président manifeste […] une sidérante compréhension à l’égard des édiles qui se saisissent du débat pour relancer leur combat réactionnaire et homophobe.

Dray, revenant sur la promesseformulée par François Hollande devant le Congrès des maires de France que "la loi [sur le mariage pour tous] s’appliquera pour tous, dans le respect, néanmoins, de la liberté de conscience [des maires]", a une formule définitive : 

La « clause de conscience » d’un maire à l’égard de la loi s’appelle la démission.

Dray, après plus de dix paragraphes de vertes critiques, termine sur une proposition, un "besoin", assure-t-il : "une Sixième République [pour] changer d’air institutionnel".

 

Du rab sur le Lab

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