La guerre des droites, épisode 5

Publié à 18h34, le 26 mai 2012 , Modifié à 18h43, le 26 mai 2012

La guerre des droites, épisode 5
François Fillon face à Jean-François Copé, un nouvel épisode de la guerre des droites. (Maxppp)

Déclarations fracassantes et ambitions sur l'UMP. C'est le résumé de la semaine de Jean-François Copé et François Fillon. Même s'ils martèlent désormais "l'unité et le rassemblement", les deux hommes sont lancés dans un duel pour prendre la tête de la droite. 

Jadis au RPR, désormais l'UMP, les affrontements de ce type ont écrit l'histoire de la droite française. Jacques Chirac face à Valéry Giscard d'Estaing, Edouard Balladur ou Nicolas Sarkozy, ou encore le duel entre Philippe Séguin et Alain Juppé.

Le Lab revient sur l'histoire de ces joutes.

  1. Chirac / Giscard, Séguin / Juppé

    Jean-François Copé et François Fillon n'ont pas inventé le duel au sommet de la droite. Bien au contraire. Cela sonne comme une tradition. Retour sur 4 duels qui ont jalonné l'histoire à droite de l'échiquier politique. 

    >> CHIRAC / GISCARD D'ESTAING 

    Entre Jacques Chirac et Valéry Chirac d'Estaing, c'est l'histoire d'une inimitié de plus de 30 ans. Les choses avaient pourtant bien commencé. Jacques Chirac avait participé à l'élection à la présidence de la République de VGe en lâchant Jacques Chaban-Delmas. En guise de récompense, le corrèzien avait hérité de Matignon.

    Mais les deux hommes ne s'entendent pas et Jacques Chirac démissionne le 25 août 1976 : 

    Je ne dispose pas des moyens que j'estime nécessaires pour assumer efficacement mes fonctions de Premier ministre. 

    En 1981 la tension entre les deux hommes est à son comble quand Jacques Chirac, alors à la tête du RPR se présente à l'élection présidentielle face à Vléry Giscard d'Estaing, président en exercice. 

    Dans ses Mémoires, Jacques Chirac écrira : 

    Un jour, Giscard assurera avoir jeté la rancune à la rivière. Mais ce jour-là, la rivière devait être à sec, tant cette rancune est demeurée tenace et comme inépuisable.

    Valéry Giscard d'Estaing, au cours du même exercice, soulignera lui le "caractère clanique" de Jacques Chirac, "un homme animé d'une faim de pouvoir, du désir fanatique d'accéder à la présidence de la République". 

    >> CHIRAC / BALLADUR 

    Jacques Chirac et Edouard Balladur se disaient amis. Et puis Jacques Chirac s'est présenté à l'élection présidentielle de 1995, face, notamment, à celui qui était le premier ministre, et favori, d'alors. 

    D'un côté, Edouard Balladur incarne la droite libérale. Et gonflé à bloc par des sondages favorables, il décide de se présenter en 1995. De l'autre, Jacques Chirac. La droite plus dure, qui trouve ses racines dans le gaullisme. Deux droites, deux styles. Le premier est sage quand le second embrasse les foules et fait du serrage de mains une spécialité. 

    Comparatif entre les deux hommes et les deux programmes, en 1995 :  

      

    >> SEGUIN / JUPPÉ

    Alain Juppé et Philippé Séguin, ce sont deux fils de Jacques Chirac. A l'approche de la présidentielle de 1981, les deux sont dans l'entourage du futur président de la République. Mais incarnent des branches bien distinctes. 

    Alain Juppé, avec Edouard Balladur, développe un courant libéral et pro-européen quand, en face, Philippe Séguin se rapproche de Charles Pasqua pour incarner un pôle plus gaulliste et souverainiste. 

    Le référendum sur le traité de Maastricht sera un de leur grand désaccord. Philippe Séguin devient l'une des figures du combat contre ce traité européen alors qu'Alain Juppé milite pour

    En 1995, la tension revient avec l'élection de Jacques Chirac : Alain Juppé est nommé premier ministre. Deux ans plus tard, après le fiasco des législatives, Philippe Séguin prend la tête du RPR. Mais verra sa carrière politique nationale s'arrêter avec l'échec aux municipales à Paris en 2001. 

    Portrait de Philippe Séguin, marqué par son opposition à Alain Juppé : 

    >> CHIRAC / SARKOZY

    Personne n'a dit autant de mal de moi que Sarkozy, vous m'entendez bien, personne.

    La phrase est signée Jacques Chirac. Elle reflète bien la relation entre les deux hommes : tendue, et pendant de longues années

    En 1995, Nicolas Sarkozy avait choisi Edouard Balladur plutôt que Jacques Chirac. Dans les rangs des chiraquiens, un slogan était devenu à la mode : "Sarko, petit salaud"

    Une décision que celui qui fut élu n'oubliera pas. En 1999, lorsque Séguin quitte RPR en, le corrézien s'oppose à ce que Nicolas Sarkozy prenne la tête du parti.

    En 2004, alors que les ambitions de Nicolas Sarkozy se font de plus en plus pressantes, la rivalité est à son comble avec Jacques Chirac. Le président de la République ira jusqu'à affirmer son autorité dans une interview télévisée en déclarant : 

    Je décide, il exécute. 

    Plus récemment, Jacques Chirac avait appelé, sous prétexte "d'humour corrézien", à voter pour François Hollande face à Nicolas Sarkozy pour l'élection présidentielle de 2012

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