"C'est une affaire à ce point désagréable que j'en parle le moins possible.
"
Marie-Josée Roig, maire UMP d'Avignon depuis près de vingt ans, aurait aimé enterrer "l'affaire" du Monarque, son fils, son fief.
Oui mais voilà : six mois après avoir porté plainte pour diffamation contre l'ouvrage dans l'indifférence générale, son action en justice se retrouve à présent sous le feu des projecteurs, à son corps défendant, raconte-t-elle au Lab.
On reprend.
En juin, le roman à clef de Marie-Célie Guillaume, alors directrice de cabinet de Patrick Devedjian au conseil général des Hauts-de-Seine, fait grand bruit.
Le Monarque, son fils, son fief livre les dessous de la politique Sarkozy vue depuis son département. Une séquence va plus particulièrement retenir l'attention.
L'auteure raconte qu'une élue, dont le nom n'est pas outé, a offert une faveur sexuelle au "monarque" juste avant une remise de décoration. Et relate même les termes employés par ledit monarque auprès de l'élue :
"Sois gentille ...
Tu vois bien que j'ai besoin de me détendre !
Allez, c'est pas grand-chose ...
"
Le roman, paroxysme de l'ouvrage à clef, mêle la fiction à la réalité, mais est largement transparent. A tel point qu'un luxe de précision est fourni sur cette élue généreuse, "maire d'une ville de 150.000 habitants aux magnifiques remparts classés monument historique".
Des précisions qui suffiront à plusieurs commentateurs pour assurer qu'il s'agit-là de Marie-Josée Roig, 74 ans actuellement, et maire d'Avignon, ce qu'elle dément formellement.
Les reprises se multiplient, l'élue est mise au courant.
Fin août, elle décide donc de porter plainte pour diffamation, contre l'auteure et sa maison d'édition, mais également contre un site parodique et une émission de télévision.
Elle explique au Lab reprocher à ces deux derniers d'avoir extrapolé à partir de l'ouvrage et d'avoir donné ou sous-entendu son identité.
Fermez le ban ? Pas vraiment.
La semaine dernière, l'auteure et l'éditeur de l'ouvrage, Les Editions du Moment, ont reçu des nouvelles fraîches de la plainte, avec une première convocation. Une information qui est arrivée aux oreilles du journaliste justice de RTL et à un journaliste politique du Nouvel Observateur. Chacun le raconte, l'un dans une chronique, l'autre dans un article, ce jeudi 10 janvier. L'histoire ressort.
Au grand damn de Marie-Josée Roig. La maire d'Avignon, qui nie avec force toute vraissemblance de l'histoire, explique au Lab avoir porté plainte "car c'était la moindre des choses". Une histoire "qui date d'il y a six mois" et qu'elle n'aurait pas aimé voir ressurgir :
"Je n'ai même pas lu l'ouvrage.
Lorsque des amis ont commencé à m'en parler, à me dire qu'il fallait "enterrer ça", je suis tombée des nues.
On écrit que j'ai "discrètement" porté plainte, mais je n'allais pas en faire un étalage !
"
La maire assure qu'elle a confié l'affaire à son avocat et qu'elle suit désormais ça "de très loin" :
"Je ne veux pas m'en occuper. Je ne serai d'ailleurs pas au procès.
"
Va-t-elle demander des dommages et intérêts ? Un démenti public ? Même sur ce point, Marie-Josée Roig dit s'en remettre totalement à son avocat.
Aucune date de procès n'est encore connue. Les Editions du Moment ont précisé à RTL que l'enquête ne faisait que débuter. Pour eux, Le Monarque, son fils, son fief n'est qu'une "fable politique".
La nouvelle médiatisation de la plainte devrait en tout cas permettre à l'ouvrage de doper un peu plus ses ventes [60.000 exemplaires vendus selon le Nouvel Observateur].
Le service presse des éditions du Moment est en tout cas en pleine opération "réapprovisionnement".