C’est un petit cours de communication politique que nous offre le gouvernement. Comment faire passer au mieux un recul comme celui que s’apprête à faire passer François Hollande sur la déchéance de nationalité ? La réponse tient en deux étapes. 1/ Faire fuiter dans la presse les réticences de l’exécutif puis le recul définitif, deux jours avant toute annonce officielle. Une stratégie qui permet de faire infuser le renoncement avant de l’annoncer, finalement, sans surprise. 2/ L’annoncer un 23 décembre, quand politiques et français sont en vacances ou en pleine préparation des fêtes de fin d’année. L’avantage : profiter du peu d’échos (dans un premier temps) qu’aura ce recul.
Car, après Libération , premier à révéler la décision de François Hollande sur la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français et reconnus coupables d’actes terroristes, ce sont l’ensemble des quotidiens qui annoncent ce recul ce mardi 22 décembre. Ainsi selon Le Figaro , c’est lors d’un entretien "lundi dernier" en tête-à-tête avec Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, que François Hollande aurait définitivement tranché son abandon de la mesure. Le gouvernement présentera pourtant mercredi en conseil des ministres sa réforme constitutionnelle, avec ou sans la déchéance de nationalité.
Mais d’ores et déjà, la gauche du PS et plus largement la gauche de la gauche salue le verdict de ne pas aller plus loin sur cette réforme qui "n’est pas de gauche", dixit Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, et qui risquait de déchirer encore un peu plus une majorité éparpillée. "L’Elysée a pris conscience du schisme que cela créerait non seulement au sein du PS mais dans la gauche toute entière", se réjouit Benoît Hamon dans Le Parisien .
La droite, qui défendait cette proposition, tout comme le FN, avait été "triangulée", selon le terme approprié à la mode, par François Hollande. Elle pourrait se saisir de ce recul pour trouver une manière de s’opposer à l’exécutif et à sa réforme constitutionnelle sur l’état d’urgence. "Si le président veut la coopération du Sénat, il doit respecter ses engagements et adopter une attitude ouverte vis-à-vis de l’opposition", prévient dans Le Figaro Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR. Qui ajoute :
"Si la déchéance de nationalité ne figure pas dans le texte, nous serons amenés à la proposer.
"
Voilà François Hollande prévenu. Et le débat loin d’être clos.
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