Petits candidats : y-a-t'il un effet CSA ?

Publié à 13h31, le 29 mars 2012 , Modifié à 17h26, le 29 mars 2012

Petits candidats : y-a-t'il un effet CSA ?
Olivier Besancenot en 2007 sur le plateau de "J'ai une question à vous poser" sur TF1

A chaque élection son Jacques Cheminade ou son Nicolas Dupont-Aignan, ces petits candidats que les médias rechignent à recevoir. Tous les cinq ans, tout change à partir du 20 mars: le CSA impose une égalité de temps de parole, et les journalistes s’en excusent presque sur leur antenne. Il n’est alors pas rare d’entendre « Temps de parole oblige, nous accueillons aujourd’hui untel » ou  encore « Le CSA nous impose de le recevoir ».
Mais  pour les candidats eux-mêmes, cette médiatisation nouvelle change-t-elle quelque chose ? Le compteur à voix peut-il réellement s’activer grâce à l’égalité du temps de parole ?
A la lumière des deux dernières élections, un constat s’impose : la règle, c’est qu’il n’y a pas de règle.

  1. 2002, le règne des petits candidats

    Sur tns-sofres.com

    Exception faite des vacances ou des jours fériés, on les entend peu. Jusqu’au 20 mars, les petits candidats sont les oubliés de la campagne.  Puis, à partir de cette date, le CSA impose aux chaînes de radio et de télévision un temps de parole égalitaire entre tous les candidats. En s’imposant sur les plateaux, ces aspirants au poste de président gagnent-ils des voix ?

    Oui pour l’élection de 2002. Comme l’indique Emmanuel Rivière de l’institut d’étude TNS Sofres, les petits candidats ont doublé leurs scores au moment de l’augmentation du temps de parole :

     Entre mars et avril, le score cumulé des 6 candidats les moins bien placés et les moins connus fait plus que doubler, passant de 6% à 16%.

    Olivier Besancenot en est l’exemple type. Crédité de 0.5% d’intentions de vote en janvier 2002, il finit à 4.25% dans les urnes. Une expérience qu’il aime d’ailleurs rappeler aujourd’hui pour croire aux chances de son poulain, Philippe Poutou, qui ne décolle pas des 0.5% dans les sondages.

    Mais Besancenot n’était pas le seul à être propulsé par l’égalité des temps de parole en 2002. Jean Saint-Josse, à la tête de CPNT (Chasse, pêche, nature et traditions), a atteint 4,23% alors qu’il tournait autour des 2% dans les sondages de janvier.

    Cependant, tous les petits candidats ne connaissent pas les mêmes envolées. Pas d’effet temps de parole par exemple pour Daniel Gluckstein, un trotskyste candidat du Parti des travailleurs … Il finit bon dernier avec 0.47% des voix.

    Pour certains, la présence sur les ondes est même défavorable. Pendant longtemps en 2002, Jean-Pierre Chevènement a fait office de 3e homme avait des intentions de vote autour de 10.5%… avant de s’effondrer en mars. Dans les urnes, il divise son score par deux et obtient 5.33% des voix.

  2. 2007, le poids du "vote utile"

    Sur tns-sofres.com

    Le phénomène observé en 2002 chez les petits candidats ne se reproduit pas cinq ans plus tard. Au contraire, après le 21 avril et l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour, l’argument du "vote utile" prend toute sa place dans la campagne … et absorbe l’électorat des candidats méconnus.

     
    Comme l’observe Emmanuel Rivière , il n’y a pas de différence entre les sondages de janvier et les résultats dans les urnes.
     

    Le 21 avril étant passé par là et ayant imprimé à la présidentielle une logique de rassemblement autour du favori, aucun des « petits » candidats n'a vu son score progresser significativement entre début mars et le jour du scrutin.

     
    Olivier Besancenot est le seul à conserver ses 4%, mais ce score ne peut être relié à l’égalité des temps de parole : il atteint cette côte de popularité dès janvier.
    Tous les autres stagnent, que ce soit Frédéric Nihous, Philippe de Villiers, Dominique Voynet ou Gérard Schivardi. Aucun ne profite des règles du CSA pour grappiller des points. Certains même en perdent, à l’image d’Arlette Laguillier qui voit ses intentions de vote fondre comme neige au soleil ... pour finalement atteindre 1.33%.

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