Philippe de Villiers se rapproche de plus en plus de Marine Le Pen. Le souverainiste a assuré en février dernier que la présidente du FN avait "une carrure présidentielle". Pour Marion Maréchal Le Pen , le soutien de Philippe de Villiers à Marine Le Pen est même désormais "largement acquis".
Philippe De Villiers va-t-il pour autant soutenir la candidate frontiste avant le premier tour de la présidentielle ? "Aucune chance" qu’il "s’affiche avec Marine Le Pen", a répondu l’intéressé auprès du Monde ce lundi 10 avril. "Le lendemain, je ne sais pas ce qu’il se passera. Elle ne m’a rien demandé. Mon instinct me dit qu’il va peut-être y avoir des surprises énormes", a ajouté l’ex-candidat à la présidentielle de 1995. Mais Philippe de Villiers est bien sur la même ligne idéologique que la cheffe frontiste. L’ex-député UDF de la Vendée a déclaré :
"Marine Le Pen, c’est le programme du RPR en 1988. Dans ce qu’elle dit et ce qu’elle propose, elle est très proche de ce que la majorité à laquelle j’appartenais proposait. Alors, qu’est-ce qu’on lui reproche ? Pourquoi cette diabolisation ?
"
Ou comment tenter de banaliser le parti de Marine Le Pen en le faisant passer pour une formation de droite de gouvernement, le tout en comparant deux époques séparées de près de 30 ans. Certes, après la défaite du candidat du RPR Jacques Chirac à la présidentielle de 1988 face au candidat du PS François Mitterrand, le RPR a tenu un discours très offensif contre l’immigration lors des états généraux de l’opposition à Villepinte, en 1990. Le RPR évoquait notamment "la fermeture des frontières", "la suspension de l’immigration", "réserver certaines prestations sociales aux nationaux" ou encore "l’incompatibilité entre l’islam et nos lois". Sur ce point, donc, le FN actuel rejoint le RPR de l’époque. Lors de la primaire des Républicains, Alain Juppé n’avait pas caché sa gêne sur les positions très fermes de son parti, "une erreur rétrospectivement" selon lui, même si la droite a quelque peu modéré son discours sur ce sujet peu de temps après.
Le RPR tendance 1988 et le FN version 2017 affichent toutefois des différences. Comme le note le professeur d’histoire contemporaine Bernard Lachaise, "le RPR a fait le choix du libéralisme depuis la fin des années 1970, abandonnant la traditionnelle vision gaullienne au niveau économique et social", malgré "une moindre exaltation du libéralisme depuis 1988". Entre 1986 et 1988,lors de la première cohabitation, le gouvernement de Jacques Chirac avait clairement affiché son libéralisme, des privatisations à la suppression de l'ISF. En dépit des divergences en son sein sur l’Europe, le parti de Jacques Chirac affichait son soutien à la construction européenne, ratifiant l’Acte unique européen en 1986, les députés FN choisissant de leur côté l’abstention .
Personne n’est décidément d’accord sur le FN. Si Philippe de Villiers fait une comparaison avec le RPR des années 1980, François Hollande, lui, avait considéré le 19 avril 2015 que "Madame Le Pen parle comme un tract du Parti communiste des années 70", tout en précisant que le PCF ne "demandait pas qu’on chasse les étrangers" ou qu’on "fasse la chasse aux pauvres". Quant à François Fillon, il estimait le 20 mars dernier lors du débat présidentiel entre cinq candidats que "le programme de Madame Le Pen sur les retraites, c’est le programme commun de la gauche en 1981". Il faudrait savoir…
[BONUS TRACK] Philippe De Villiers fustige François Fillon et ses soutiens
Si Philippe de Villiers pourrait annoncer son soutien officiel à Marine Le Pen après le second tour, une chose est certaine : il ne le fera pas pour François Fillon. Il a déploré durant la primaire que l’ex-Premier ministre se présente contre Nicolas Sarkozy. "Il y a des règles de décence dans la vie. Il ne m’inspire aucune confiance", a-t-il confié selon Le Monde. Disant "détester" la bourgeoisie soutenant le candidat LR à la présidentielle, Philippe de Villiers n'a pas ménagé non plus les catholiques pro-Fillon, "qui s’intéressent à l’argent de la quête et à l’épargne". Dans le viseur, notamment : le filloniste Bruno Retailleau. Philippe de Villiers n’a jamais pardonné au président du groupe LR au Sénat de lui avoir "piqué" le Conseil général de Vendée en novembre 2010.