Laurent Fabius raconte une entrevue avec Marine Le Pen : "J'aurais dû faire venir la presse"

Publié à 12h24, le 22 octobre 2015 , Modifié à 12h28, le 22 octobre 2015

Laurent Fabius raconte une entrevue avec Marine Le Pen : "J'aurais dû faire venir la presse"
© CHARLY TRIBALLEAU / AFP

MESSAGE À CARACTÈRE INFORMATIF - C'est l'histoire d'une discussion entre Laurent Fabius et Marine Le Pen, dans le bureau du ministre des Affaires étrangères et en présence d'autres chefs de partis. Un débat sur le progamme économique de la présidente du FN, en particulier sur la sortie de l'Euro. Cette entrevue, le numéro 2 du gouvernement l'a racontée au journaliste Guillaume Durand qui, à son tour, la relate dans L'Opinion, jeudi 22 octobre.

Entre des citations de Shakespeare et Clémenceau et après avoir de nouveau démenti les rumeurs sur sa santé, Laurent Fabius aborde le sujet de la montée du FN. Il explique notamment : "Concernant l’accession possible du Front national en PACA et dans le Nord, je constate qu’à l’étranger, on me dit : 'Mais qu’est-ce qui arrive à la France ?'. Peut-être un déficit d’explication. [...] J’ai maintenant la charge du tourisme, secteur fantastique. [...] Ça va être assez difficile de faire venir les touristes étrangers chez nous si vous commencez par leur dire que ces mêmes étrangers doivent être foutus dehors."

Et le chef de la diplomatie française de "raconter une anecdote marquante" à cet égard, qui vise semble-t-il à combler ce "déficit d'explication" :

"

Il y a plusieurs mois, j’ai reçu tous les dirigeants de partis, et notamment Marine Le Pen [...]. Je lui ai dit que son programme de sortie de l’euro était absurde et ne tenait pas debout. Je lui ai même dit : 'Madame Le Pen, c’est comme si vous étiez dans un avion et que vous décidiez de sauter sans parachute'.Vous savez ce qu’elle m’a répondu ?



Elle m’a répondu 'Pourquoi pas'. J’aurais dû faire venir la presse.

"

D'après Laurent Fabius, Marine Le Pen serait donc prête à "sauter de l'avion sans parachute", entraînant la France avec elle. Une manière pour le résident du Quai d'Orsay de mettre en garde contre le vote frontiste et l'irresponsabilité de Marine Le Pen. Et ce à quelques semaines des régionales, pour lesquelles la présidente du FN est candidate...

Contactée par Le Lab, cette dernière conteste vigoureusement cette version des faits :

 

"

C'est une invention totale ! Nous n'avons absolument jamais parlé de l'Euro.

"

Ah, si la presse avait été là...

[BONUS TRACK]

Décidément en verve et se sentant une âme de conteur, Laurent Fabius rapporte une autre discussion à Guillaume Durand. Celle-ci, il l'a eue avec François Mitterrand, dans le bureau présidentiel en 1984. Le premier chef de l'État socialiste de la Vème République s'apprête à le nommer Premier ministre, en remplacement de Pierre Mauroy.

Ce qu'il lui annonce ce jour-là. "Un déjeuner comme ça arrivait de temps en temps, nous étions seuls. J’étais assez libre avec lui", dit aujourd'hui Fabius. Qui reconstitue le dialogue d'alors :

"

Vous savez que je m’apprête à changer de gouvernement, qu’est-ce que vous en pensez ?



– Euh… Je lis la presse monsieur le Président (son nom est évoqué partout pour succéder à Mauroy). Je ne suis pas le mieux placé pour vous répondre.



– Vous avez peut-être une idée, non ? En tout cas moi j’ai une idée !



– Ah bon ! Et quelle est cette idée ?



– Ecoutez, je crois que cette idée, c’est vous !



– Et c’est prévu pour quand ?



– C’est prévu cet après-midi ! Je vous appellerai.



Et Fabius de conclure le sketch historique :



Il ne m’a jamais appelé  ! J’ai officiellement appris la nouvelle par le secrétaire général de l’Elysée.

"


À LIRE SUR LE LAB :

VIDÉO - Petit moment de tension entre Laurent Fabius et Jean-Pierre Elkabbach lors du "Grand Rendez-Vous"

Laurent Fabius dément la rumeur selon laquelle il est atteint de la maladie de Parkinson

Du rab sur le Lab

PlusPlus