HÉ OH LES GENS - Stéphane Le Foll est porte-parole d'un gouvernement accusé de commettre, par ses opposants de droite et de gauche, un "déni de démocratie" en usant à nouveau de l'article 49.3 de la Constitution. Mais certains citoyens, aussi, pensent que la France est désormais une "dictature". Et ça, le ministre ne peut pas le laisser dire.
Durant son interview sur iTélé mercredi 11 mai, Stéphane Le Foll est invité à visionner des extraits de propos tenus par des manifestants de Nuit debout, devant l'Assemblée mardi soir. Ces personnes venaient protester contre le "passage en force" du gouvernement sur la loi Travail, décidé quelques heures plus tôt. Parmi eux, cette dame qui le dit comme elle le pense :
"C'est pas possible, on peut pas, en démocratie soi-disant... ça fait longtemps qu'on n'y est plus m'enfin, pour ceux qui ont l'illusion d'y être encore, ça c'est de la dictature.
"
Retour plateau. Le porte-parole du gouvernement contre-attaque et exprime toute son indignation devant ce type de propos :
"C'est comme beaucoup... comment dirais-je ? Une manière de s'exprimer mais totalement déconnectée de ce qui est et une démocratie et la réalité. De quoi on parle, une dictature en France ? Mais que cette dame qui l'a dit réflechisse deux secondes à ce que sont des dictatures qu'il y a dans le monde. Mais quel... comment on peut dire des choses pareilles ?
"
Stéphane Le Foll enchaîne sur une défense du texte de loi tant décrié : "Comment on peut laisser penser que cette loi remettrait en cause, ça a été dit à plusieurs reprises, le droit du travail ? On fait en sorte que dans une économie qui est mondialisée, dans une France qui est dans le monde et dans l'Europe... Ou alors, il y a une autre solution, c'est de considérer que le monde et l'Europe, c'est ailleurs, on y est pas. Mais comment on fait pour continuer à préserver un modèle social et à avancer ? C'est le fond mais c'est ça qui est important. Ce sont, je le dis, des gens qui font fausse route sur l'analyse qu'ils font."
Plus loin dans l'interview, Stéphane Le Foll décide de revenir sur ce sujet. Et de laisser à nouveau poindre sa colère :
"Je voudrais simplement dire à ceux qui tout à l'heure s'exprimaient pour dire que nous on était une dictature, hein, qu'on était en dictature, franchement ! [...] Que chacun réflechisse bien. [...] Que ceux-là réfléchissent bien lorsqu'ils parlent de cette loi El Khomri, lorsqu'ils parlent du gouvernement. C'est ce que j'ai appelé 'Eh Oh la gauche' : faut quand même pas exagérer, faut pas dire n'importe quoi.
"
C'était donc le coup de gueule du jour de Stéphane Le Foll - qui est par ailleurs un habitué de la chose, ici contre ces maudits Français qui ne sont "jamais contents", là contre les journalistes qui posent trop de questions précises.