PINOCCHIO- Ah, Michel Rocard, son franc-parler, et ses raisonnements parfois tarabiscotés ...
Libération, qui interroge longuement l'ancien premier ministre, dans son édition du lundi 3 décembre (lien payant) en livre une nouvelle illustration.
Michel Rocard regrette en effet ... que François Hollande ne mente pas assez, jugeant en cela que François Hollande est victime de la "crise Jospin". Le Lab reconstruit le diagnostic du docteur Rocard.
Le raisonnement de Rocard commence par l'identification d'une tradition politique érigée en coutume : "l'absence totale de sens de l'Etat [de] l'opposition, que ce soit la gauche ou la droite".
Celle-ci, explique Rocard, conduit chacun de ses courants "à défaire, une fois arrivé au pouvoir, tout ce que l'autre a fait".
Rocard en tire une maxime de l'action politique :
En France, l'opposition commence par casser ce que l'autre a fait.
Or, assure Rocard, Lionel Jospin en son temps, et François Hollande aujourd'hui, n'arrrivent pas à s'inscrire dans cette tradition - en raison, notamment, de leur relation à l'économie de marché qu'ils ont "fini par avaler [...] mais ont renoncé à le dire".
(en juin 2009, photo MaxPPP)
A propos de Jospin, d'abord, Rocard explique :
Jospin, donc, arrive au pouvoir et dit : "Je fais ce que je dis et je fais ce que je fais".
Une crise d'honnêteté non compatible avec les moeurs que je viens de décrire.
... avant de comparer, sur ce point, Hollande à Jospin :
L'éducation [de François Hollande] n'a pas comporté de politique.
Tout comme Jospin, c'est un honnête homme.
Le mensonge n'est pas sa tasse de thé même si la politique en exige beaucoup...
Michel Rocard parvient tout de même à parler - un peu - de lui, et assure que sur tous ces points, il a "quand même menti moins que la moyenne", se plaçant définitivement dans cette tradition made in Hollande et Jospin.