Le drôle d'entretien d'embauche d'un militant UMP au cabinet de Marine Le Pen en 2014

Publié à 15h42, le 27 juillet 2015 , Modifié à 16h36, le 27 juillet 2015

Le drôle d'entretien d'embauche d'un militant UMP au cabinet de Marine Le Pen en 2014
Le siège du FN, à Nanterre © BORIS HORVAT / AFP

Comme d'autres, Jérémy Latraye a bien failli franchir le Rubicon. C'était en septembre 2014. Selon les informations du Lab, lui, l'ancien collaborateur de l'ex-député UMP de Seine-Saint-Denis Éric Raoult, a été contacté pour travailler au cabinet de Marine Le Pen. Il aurait pu, comme Sébastien Ausserre ou Pierre Aliotti l'ont fait depuis, quitter l'UMP pour le Front national. Il a même passé un entretien pour ça. Mais la direction lui a préféré l'ancien UDI Julien Odoul .

Jérémy Latraye assure au Lab n'avoir aucune envie de rejoindre l'extrême droite. Ni à l'époque des faits. Ni aujourd'hui. Ni demain ou après-demain. Cette position semble cohérente pour quelqu'un qui se réclame désormais de Nathalie Kosciusko-Morizet : la n°2 de Les Républicains ne peut pas vraiment être soupçonnée de quelconques accointances avec le FN.

Mais, comme il est curieux, Jérémy Latraye a quand même décidé de passer un entretien avec le directeur de cabinet de Marine Le Pen d'alors : l'ancien juppéiste Philippe Martel. "J'y suis allé pour voir de quoi il s'agissait", explique l'encarté LR.

Parmi toutes les interrogations d'usage sur son parcours, sa formation, Jérémy Latraye s'est vu poser quelques questions un brin surprenantes pour un entretien de ce type. Il explique au Lab :

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On m'a demandé si j'étais raciste. On m'a demandé si j'étais homophobe. On m'a demandé si j'avais des tatouages de croix gammée sur le torse.

 

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Sous-entendu : Les personnes partageant les mêmes considérations philosophiques que Derek Vinyard et / ou ayant une certaine tendance à dénigrer les personnes homosexuelles peuvent passer leur chemin, la direction du FN ne voudra pas d'elles.

Joint par Le Lab, Philippe Martel confirme avoir posé ce genre de questions. Pas que, évidemment. Et c'était "pour rire", assure-t-il. L'ancien dir' cab' de Marine Le Pen explique :

 

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Quelqu'un qui arrive jusqu'à moi, a priori j'en sais déjà un peu sur lui. Et puis poser de telles questions sérieusement, ce n'est pas sérieux : si la personne a un passé antisémite ou nazi, elle ne va pas me répondre 'oui'. En clair, si on a un doute, ce n'est pas en posant la question que ce doute va être levé.

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Ce genre d'interrogations n'a donc aucun rapport avec les dérapages observés par plusieurs candidats FN lors des dernières départementales. Mais cela souligne aussi que, à Nanterre, on n'est "pas à la recherche de nazillons", conclut Philippe Martel. Et cela restait, même pour de rire, une préoccupation.

Aujourd'hui, Philippe Martel n'est plus directeur de cabinet de Marine Le Pen. Il a été remplacé en février dernier par Catherine Griset. Impossible de savoir si les pratiques d'hier sont toujours en vigueur aujourd'hui. 

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