INFO LAB - La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem va écrire à la commission européenne concernant les hashtags haineux sur Twitter, annonce-t-elle au Lab, ce vendredi 11 décembre.
Une annonce concomitante avec la visite commune du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, et de la ministre de l'Economie numérique, Fleur Pellerin, qui ont affiché ce vendredi à Nanterre (Hauts-de-Seine), à l'occasion d'une visite consacrée à la luttre contre la cybercriminalité, leur volonté commune de "dialogue" avec les responsables des réseaux sociaux.
"Il faut travailler à la coopération entre Etats et acteurs privés pour l'orde public du cybersepace" a dit Manuel Valls en proposant notamment des "blocages actifs" sur les réseaux si nécessaire et de "quantifier et qualifier le phénomène".
Fleur Pellerin, elle, a plaidé pour "suspendre les comptes et les messages haineux" qui peuvent se retrouver sur le net "qui n'est pas un espace de non droit" .
"Le net n'est pas un espace de non droit". Exactement la même expression que Najat Vallaud-Belkacem, invitée à s'exprimer devant les participants à la conférence Reputation War , ce vendredi 11 janvier, à Paris, dans les anciens locaux de l'ENA.
Petit rappel des épisodes précédents de notre série NVB VS Twitter:
La porte-parole du gouvernement a écrit une tribune dans Le Monde fin décembre. Elle s'est entretenue avec un responsable de Twitter - après avoir dû reporter une réunion - et se dit désormais "optimiste et combative" sur ce dossier des hashtags haineux.
"Combative", donc, Najat Vallaud-Belkacem change délibérement de braquet dans son vocabulaire tout en déroulant son argumentaire. Oui, la firme est américaine. Mais le service en français est utilisé par "cinq millions de justiciables français". Même s'ils sont anonymes, les tweets racistes, homophobes et antisémites "sont des délits, c'est le Code Pénal qui le dit".
"Ce n'est pas dans l'intérêt de Twitter que ce soit la loi de la jungle" insiste-t-elle en demandant "tout simplement l'application de la loi française " et en regrettant ouvertement que Twitter ne soit "pas une entreprise qui se met facilement autour de la table".
La ministre poursuit : "Twitter est un média, de fait". Et, selon elle, "le fait de faire apparaître des tweets en TT [trending topics, hashtags les plus utilisés, ndlr], c'est un peu comme faire une une de journal".
NVB veut donc empêcher l'indexation des tweets haineux et "propose à Twitter de rendre plus facile la dénonciation de propos haineux" en citant en exemple "l'auto régulation qui a fait ses preuves, comme sur Wikipedia".
Enfin, face à ce problème"qui n'est pas franco-français", la porte-parole du gouvernement annonce : "Je vais donc saisir la Commission Européenne" pour "demander à Twitter de s'adapter".
Interrogée par Le Lab à la sortie de cette conférence numérique, la porte-parole du gouvernement nous précise, faisant référence à une interview du commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, mercredi 9 janvier, dans les colonnes de 20 Minutes :
"Je suis heureuse que le débat se soit installé au niveau international. Il y a des préoccupations semblables aux nôtres dans de nombreux pays, notamment en Allemagne.
Je crois que ce sujet pourrait être utilement abordé par la commission européenne. J'écrirai à la commissaire Kroes pour que notre démarche soit relayée et amplifiée par les institutions de l'Union européenne.
"
Neelie Kroes, vice-présidende de la commission européenne et commissaire chargée de la société numérique sait donc désormais - si elle lit Le Lab - qu'elle va recevoir un courrier de Paris.