Un parlementaire doit-il abandonner sa profession une fois élu ? L'idée semble acquise pour le gouvernement. Invitée de i>TELE ce 9 avril, Najat Vallaud-Belkacem a demandé à ces élus, député ou sénateur, de renoncer, le temps de leur mandat, à leur double-casquette.
La porte-parole du gouvernement argumente ainsi :
Nous ne voulons pas interdire d’être avocat, nous ne leur demandons pas de renoncer à leur métier d’origine, mais nous leur demandons de mettre entre parenthèses ce métier d’origine pour ne pas cumuler cette fonction politique et des activités dans le privé.
Car c’est ce qui fait naitre le soupçon de conflit d’intérêt. Le conflit d’intérêt n’est pas constitué à chaque fois mais le soupçon qui pèse sur le manque d’impartialité des élus nait de ces deux casquettes.
Najat Vallaud-Belkacem précise que cette règle "vaut pour le privé comme pour le public" car le gouvernement "demandera alors aux fonctionnaires de se mettre en disponibilité pour ne pas exercer un mandat et une responsabilité professionnelle". Une mise en disponibilité déjà pratiquée de fait.
Concernant le privé, la chose est moins automatique. Comme le raconte Le Parisien, Jérôme Cahuzac continuait ainsi de percevoir des revenus comme médecin esthétique lorsqu'il était député.
Najat Vallaud-Belkacem ne précise pas si le gouvernement passera par la loi pour faire appliquer ce principe. Celle promise pour "moraliser la vie politique" et présentée le 24 avril en conseil des ministres ne fait pour l'instant pas mention de ce volet. La profession d'origine viendrait alors rejoindre la liste des "incompatibilités" pour un parlementaire.
L'idée a en tout cas refait surface en pleine crise post-Cahuzac, ravivée par le sénateur socialiste Didier Guillaume. Le 8 avril, il s'est fendu d'une tribune sur Publicsenat.fr demandant à ce que le métier de parlementaire soit "exclusif" :
Un élu n’est pas là pour faire du business ou du lobbying. Il doit être respecté pour ce qu’il est, car il représente ses concitoyens. Pour être respecté, il doit être respectable
Une idée loin d'être nouvelle. Alors simple député de Corrèze, en septembre 2010, François Hollande avait plaidé pour "l'incompatibilité entre la fonction de parlementaire et l'exercice d'un métier", reprenant à son compte les propositions de Martin Hirsch dans son ouvrage Pour en finir avec les conflits d'intérêts.