LE WTF EST TOTAL - Le Conseil d'État a décidé, vendredi 26 août, de suspendre l'arrêté anti-burkini de Villeneuve-Loubet . La plus haute juridiction administrative a considéré que cet arrêté constituait une atteinte "grave" et manifestement illégale" aux libertés fondamentales et a appelé les maires ayant pris de telles dispositions à respecter la loi.
Pas d'accord, ont déjà fait savoir plusieurs d'entre eux, bien décidés à maintenir leurs arrêtés . Parmi eux, on trouve Daniel Fasquelle. Le maire LR du Touquet, également trésorier du parti Les Républicains, a indiqué samedi que son arrêté n'avait été que "partiellement invalidé" par la décision du Conseil d'Etat sur le burkini et qu'il "continuerait de s'appliquer".
Car Daniel Fasquelle maintient que son arrêté a été pris pour des raisons de sécurité. Oui, mais pas forcément celles auxquelles on pense en premier lieu.
Sur iTÉLÉ ce samedi, l'élu LR explique en effet que cette disposition permet surtout d'éviter les noyades. Il dit :
"La plage du Touquet est également dangereuse comme les plages du Nord, avec des phénomènes de courants, de bâches. Il est normal que les policiers puissent parfois interdire certaines personnes de se baigner toutes habillées parce qu'elles mettent leur vie en danger, elles mettent en danger également la vie des sauveteurs. Ça n'a rien à voir avec le fait que certains portent une tenue dans un but religieux.
"
Juste avant, Daniel Fasquelle a répété qu'il n'était pas normal que des personnes viennent sur la plage en cachant leur identité, le maire du Touquet refaisant un amalgame entre burkini et burqa ou niqab. Mais, là encore, l'élu LR a un argument qui semble sorti de nulle part :
"Mon arrêté impose par exemple à ceux qui sont sur la plage de ne pas cacher leur identité ou de ne pas cacher leurs activités. On a vu des personnes venir au mois de juillet sur la plage du Touquet se cacher dans des tentes. Voilà, ce n'est pas normal.
"
Mi-août, Daniel Fasquelle voyait pourtant dans son arrêté une manière de "lutter contre le prosélytisme religieux"... et même s’il n’avait encore jamais vu de burkini dans sa cité balnéaire huppée. Le maire du Touquet signifiait également que "cela n'aurait pas de sens d'armer des CRS sur la plage et d'autoriser des personnes à y venir le visage caché". Le burkini, cependant, ne dissimule en rien le visage d'une personne...
[EDIT 28/08]
Après publication de l'article, Daniel Fasquelle a contacté le Lab pour apporter des précisions à ses propos. Le maire du Touquet maintient qu'il est "sur la même ligne, la même cohérence". Concernant l'argument anti-noyade, l'élu LR explique avoir demandé leur avis aux CRS avant de prendre son arrêté :
"Les plages du Touquet sont dangereuses. Les CRS déconseillent la baignade avec des vêtements longs. Ils sont déjà intervenus pour demander à des gens habillés de sortir de l'eau.
"
Et concernant le volet identité, le maire du Touquet se justifie en expliquant que, grpace à son arrêté, les autorités pouvaient verbaliser directement les contrevenants sur la plage "sans avoir à les emmener au poste".
Daniel Fasquelle reconnaît néanmoins que, concernant le burkini, son arrêté a été invalidé par le Conseil d'État. Il se prononce donc, comme de nombreux autres élus LR, pour une législation dans ce sens. "Quand la loi n'est pas claire, cela créé des incompréhensions, des tensions", dit-il.