Le long appel au "sang-froid" et à l'unité de Jean-Luc Mélenchon après l'attentat des Champs-Élysées

Publié à 16h16, le 21 avril 2017 , Modifié à 16h18, le 21 avril 2017

Le long appel au "sang-froid" et à l'unité de Jean-Luc Mélenchon après l'attentat des Champs-Élysées
Jean-Luc Mélenchon © Montage Le Lab via YouTube

Les prises de parole politiques, en particulier des candidats à la présidentielle, se succèdent toute la journée de ce vendredi 21 avril, au lendemain de l'attentat des Champs-Élysées (Paris) revendiqué par Daech et dans lequel un policier a été tué. Depuis leurs QG de campagne, les prétendants à la magistrature suprême ont délivré des messages dont l'importance est décuplée par l'imminence du premier tour, d'ici 48 heures. C'est par son moyen d'expression préférentiel dans cette campagne, une vidéo en direct sur YouTube, que Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé en début d'après-midi.

Et si le candidat de "la France insoumise" a évoqué en introduction ses propositions en matière de lutte anti-terroriste et de sécurité, ce n'est que très brièvement. Car le cœur de son message était un appel à l'unité du pays et des Français, au "sang-froid", au rejet des "polémiques" et de la "haine". "JLM" a ainsi dit ce qu'il aimerait que la France "donne à voir" en ces circonstances :

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À cette heure, honnêtement, notre premier devoir est d'abord de tenir, chacun, chacune, notre place de citoyen. Nous sommes collectivement responsables de la façon avec laquelle le pays va donner à voir sa façon de répliquer. Le monde entier nous regarde. Nous sommes engagés dans l'élection la plus importante de notre vie démocratique. Dès lors, notre premier devoir est un devoir de sang-froid, de ne pas céder à la panique, de ne pas se laisser emporter par les émotions, de ne pas se vouer à la haine, la vengeance, les rancunes. Et par-dessus tout éviter les polémiques grossières et vulgaires qui nous conduiraient à nous montrer les uns les autres du doigt et à se faire des reproches qui sont les plus malvenus à cette heure. Les services de sécurité du pays, quels que soient ceux qui sont appelés à présider politiquement à ses destinées, font pour le mieux. Et ils sont efficaces, ils obtiennent des résultats et ils payent leur propre tribut à la lutte dans laquelle ils sont engagés. Et nous ne devons jamais le perdre de vue.



Dans ces conditions, je souhaiterais et j'espère que cessent les polémiques, notamment celles qui sont faites contre les responsables actuels du pays. Ce n'est pas cela qu'il faut faire, ce n'est pas cela qu'il faut donner à voir. Ce qu'il faut donner à voir, c'est notre unité et le fait qu'en aucun cas, quels que soient les moyens qui sont employés contre nous, nous ne cédons jamais, nous n'avons jamais peur. Et en particulier quand nous sommes engagés dans une élection, ce ne sont pas des meurtriers qui sont en état de l'interrompre. Nous ferons triompher notre cause en faisant triompher nos manières d'être et donc en les poussant jusqu'au bout.

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Contrairement à François Fillon ou Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon n'appelle donc pas à une suspension de la campagne électorale en ce dernier jour où celle-ci est encore possible. Au contraire, "les valeurs républicaines commandent, exigent que l'on achève dignement cette campagne, c'est-à-dire en n'annulant aucune réunion, aucune rencontre d'aucune sorte, a-t-il estimé. La démocratie est plus forte que tous réunis et à la fin, bien sûr, c'est elle qui l'emportera." Un propos qu'il résume par un appel à "faire la démonstration du fait que nous ne sommes pas intimidés par les tueurs".

Plus centrée autour de considérations purement électorales, la fin de son allocution a été consacrée à l'accès au second tour qui "va se décider à quelques milliers de voix". Disant avoir "déjà connu des élections où quelques voix ont changé les élections", il a ajouté : "Je crois me souvenir avec précision du fait qu'en 2002, il aura manqué deux voix par bureau de vote à Lionel Jospin pour se qualifier."

Et de formuler un appel au vote :

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Chacun d'entre nous doit entrer en lui-même et se demander comment être le plus efficace. À sa patrie, à son avenir, à l'organisation de la discussion qui va avoir lieu pour le deuxième tour. [...] Chacun d'entre vous doit se sentir prêt ou prête à prendre sa décision. Non par rancœur, non par calcul, non par animosité contre tel ou tel mais pour le bien commun. Le bien commun commande ; tel est le sens fondamental du mot 'république', c'est la chose commune. Et ne l'oublions jamais, chacun d'entre nous en est comptable. [...] Alors, en suivant la feuille de route républicaine liberté-égalité-fraternité, nous voterons. Bon courage à vous les gens, réfléchissez bien.

 

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Après les attentats de Paris et Saint-Denis en novembre 2015, Jean-Luc Mélenchon avait estimé que "notre premier devoir est un devoir d’amour". Après l'attaque de Bruxelles en mars 2016, il avait encore dit : "Il ne faut donc ni se diviser, ni diviser la société car c’est leur but numéro un. On reprendra les polémiques plus tard. Les bastons politiciennes et les mises en cause ethniques ou religieuses font très exactement le jeu de l’ennemi."



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