François Fillon a présenté, lundi 6 février, ses "excuses aux Français", accusé d’avoir fourni à son épouse Penelope et ses deux aînés Marie et Charles des emplois fictifs présumés comme assistants parlementaires à l’Assemblée et au Sénat. "C'est une nouvelle campagne qui commence" a-t-il lancé ensuite pour tenter de remobiliser des troupes déboussolées. Ses porte-flingue, eux, ont encore une fois répondu présent pour défendre leur champion.
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Ainsi Éric Berdoati, invité lundi soir de BFMTV. Le maire LR de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) se présente d’abord comme un spécialiste de la compol : "La communication de crise, ça répond à des règles bien précises – accessoirement, c’est un peu mon métier aussi".
Éric Berdoati se lance donc dans une grande entreprise de minimisation en dressant une comparaison inattendue entre le salaire de Penelope Fillon et les rémunérations des pilotes de ligne :
"- Éric Berdoati : [François Fillon] donne le montant de la rémunération. Bien sûr, vous pourrez vérifier. Pourquoi il fait ça ? Vous voyez bien comment les choses ont été présentées. Qui, aujourd’hui, présente son salaire sur l’accumulation de quinze années en brut ? Mais personne ! Bien sûr, moi dans le privé, on embauche quelqu’un en salaire brut. Oui, sauf que moi, je vais pas dire aux gens, quand je fais un article – enfin, je fais pas d’articles d’ailleurs : 'Sur quinze ans, ça fait tant d’années' [d’euros, ndlr]. Eh oui, mais c’est ce qui a été fait – pardon, madame.
- Journaliste : Non.
- Éric Berdoati : Si, c’est ce qui a été fait.
- Journaliste : Vous n’allez pas dire : j’ai gagné tant en net.
- Éric Berdoati : C’est pas le sujet. Ce qui a été fait, c’est l’agrégation, sur quinze années, mais sur quinze années… [il ne finit pas sa phrase]. Vous prenez, d’abord, je vous parlais tout à l’heure des pilotes de ligne, je peux vous garantir qu’ils sont à plus de 3.600 euros net par mois, ça, je peux vous le garantir. Bon. Et franchement, non mais regardez les salaires moyens à Air France. Alors, vous me direz, c’est peut-être pas une compagnie de référence parce que c’est la compagnie française. Je peux vous dire qu’un pilote de ligne, il est à plus de 3.600 euros net par mois.
- Journaliste : Il n’y a pas beaucoup de Français qui gagnent 3.600 euros nets par mois.
- Éric Berdoati : Non, mais bien sûr que non, puisque le salaire moyen dans le pays, c’est 2.225 euros et le salaire médian, c’est 1.710. Voilà, c’est ça la réalité.
- Journaliste : À l’évidence, Penelope Fillon et ses enfants ont été très bien rémunérés.
- Éric Berdoati : Mais dites pas ça. Moi, à la mairie, j’ai une cheffe de cabinet qui a un master 2 de droit, elle est plus payée que ça. Non mais, pas plus que les enfants, j’entends, bien sûr. Quelqu’un qui a un master 2 de droit, ou qui est avocat après, ce sont des rémunérations qui ne sont pas choquantes même si elles peuvent choquer les Français parce que, bien évidemment, le salaire moyen ou le salaire médian est très inférieur.
"
Pour défendre François Fillon, ce fin connaisseur de la compol décide donc de reprendre un argument fallacieux avancé par le candidat LR lui-même : embaucher son épouse et ses enfants est une pratique légale. Sauf que ce n’est pas ce qui lui est reproché, mais bien le fait que ces emplois sont présumés fictifs. Ce que la justice déterminera. Aux dernières nouvelles, les pilotes de ligne, eux, font bien voler les avions.