Le ministre, le site internet, et le behaviorisme des députés

Publié à 17h03, le 07 septembre 2012 , Modifié à 17h03, le 07 septembre 2012

Le ministre, le site internet, et le behaviorisme des députés
Alain Vidalies à l'Assemblée nationale, le 11 juillet 2012. (Maxppp)

Ils se sont vus, ont discuté, et en sont restés à un quasi statu-quo. L’association Regards citoyens, qui édite le site NosDéputés.fr, a rencontré Alain Vidalies, le ministre délégué aux relations avec le Parlement.

Pour le ministre, l’affaire est entendue : NosDéputés.fr, qui suit l’actualité parlementaire à la loupe – et notamment en chiffres - contribue, malgré ses meilleurs intentions, à une dégradation du travail parlementaire. La faute à ces députés définitivement behavioristes.

On reprend.

 

  1. "Il y a une nouvelle forme de gouvernance"

    Les divergences :

    Ce n’est pas une polémique. Plutôt une divergence, profonde, de points de vue.

    L’association Regards citoyens, qui édite les sites de suivi de la vie parlementaire NosDéputés.fr et NosSénateurs.fr, a été accusée, lors de l’université d’été du PS par le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, de participer à la dégradation du travail parlementaire.

    Suite à ces accusations, l’association a publié une réponse sous forme de fact-checking des propos du ministre afin de "répondre à certaines contre-vérités". Et notamment à une interview que l’ancien député a accordé à PCInpact.

    En retour, le ministre a invité les responsables de l’association à une rencontre au ministère, le lundi 3 septembre. Une rencontre d’une heure et demie durant laquelle les deux parties ont maintenu leurs positions, exposant les arguments déjà développés par médias interposés.

    La rencontre :

    Le ministre et son cabinet restent sur leur position quant à l’impact –négatif– des "compteurs", comme celui de NosDéputés.fr, sur le travail parlementaire.  "C’est le constat d’une réalité, répète au Lab Jean Mallot, directeur de cabinet d’Alain Vidalies. Différents groupes politiques, et pas seulement le PS, ont remarqué une évolution des comportements en fonction de ces compteurs".

    "De plus en plus de parlementaires alimentent ces compteurs", ajoute-t-il.

    Soit un comportement behavioriste, c’est-à-dire une attitude qui résulte de l’observation et de l’analyse que font les députés de leur environnement numérique. En l'occurence, l'utilisation faite par la presse régionale à partir de ces classements afin de quantifier le travail du député local. Une donnée prise en compte par nombre de candidats aux dernières législatives.  

    De son côté, l’association affirme, après vérification, que le travail parlementaire a commencé à évoluer avant même l’apparition de leur "compteur". 

    "Il y a une nouvelle forme de gouvernance qui se met en place, juge Tangui Morlier. Les nouveaux députés socialistes sont mieux informés que leurs prédécesseurs sur le fonctionnement du parlementarisme. Nous accuser de cette évolution, c’est abusé".

    L’association attendait de cette rencontre avec le ministre des propositions concrètes leur permettant d’améliorer leurs bases de données et leurs études quantitatives sur le travail parlementaire. Ce qu'ils n'ont pas eu.

    Les suites :

    "Ils ont été assez peu réceptifs sur les études qu’on a mené sur les données", euphémise Tangui Morlier de Regards Citoyens, qui espérait des éléments concrets afin "de fournir des indicateurs fiables" permettant de continuer le travail de transparence sur le travail des députés et sénateurs.

    Pour Jean Mallot, cette évolution est l’un des effets pervers de ces données libres sur Internet. "Les gens qui ont mis ça en place ne pensaient pas impacter le comportement des élus", reconnait l’ancien député.  Qui ajoute : "il faut qu’on maîtrise ces choses là et qu’on affine les indicateurs".

    En revanche, les deux parties se sont retrouvés sur la volonté "d’amélioration de la transparence démocratique", dixit Tangui Morlier. 

    D’autre part, l’idée d’organisation d’un événement public qui réunirait citoyens, chercheurs et parlementaires au premier trimestre 2013 a fait son chemin. "Il est encore trop tôt pour l’annoncer", précise cependant le cabinet d’Alain Vidalies.

    A lire aussi :

     Sur le Lab :La froide colère du ministre Vidalies contre les effets pervers du net

    Sur Regards Citoyens :NosDéputés.fr « dangereux » ? Vraiment ? Nos réponses au Ministre délégué chargé des relations avec le Parlement

    Sur PC INpact :NosDéputés.fr, Alain Vidalies souhaite un pôle de réflexion sur la transparence

     

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