Le Président ne peut être que bas de plafond ?

Publié à 18h20, le 17 mars 2012 , Modifié à 18h20, le 17 mars 2012

Le Président ne peut être que bas de plafond ?
Nicolas Sarkozy au Grand journal de Canal Plus, vendredi 16 mars. (Reuters)

Nicolas Sarkozy était l'invité du Grand journal de Canal Plus vendredi 16 mars. Un passage attendu et très regardé. Dans la foulée, Thierry de Cabarrus publie sur Le Plus du Nouvel Observateur un billet très critique envers l'émission. Pour lui, la chaîne "s'est rendue définitivement coupable de connivence à l'égard du candidat de la droite". 

Un billet qui a fait réagir notre blogueuse Delphine Dumont. Pour elle, le billet du journaliste et écrivain est avant tout plein d'amertume et de nostalgie. Sa réponse. 

  1. Le jour où Canal a trahi

    Dans un billet très involontairement drôlissime, Thierry de Cabarrus s'indigne de l'émission Le Grand journal du 16 mars. Ce soir-là, Michel Denisot recevait le président de la République, Nicolas Sarkozy

    Pour ceux qui ne connaissent pas l'émission, il s'agit d'une série d'échanges très courts entrecoupés de pages de publicité, d'un zapping, d'un flash info, de séquences d'humour, etc. Le choix des invités se fait selon le buzzomètre. Si on parle de quelqu'un, fut-ce un éleveur de poneys roses, il est reçu au plus vite dans le Grand Journal. Cette émission n'est pas conçue pour développer des idées et, encore moins, en imposer. C'est le règne de la petite phrase, tant du côté des animateurs que des invités. Maintenant que le contexte est situé, revenons au si savoureux billet de Thierry de Cabarrus.

    Ça démarre très fort : "Il y aura un 'avant' et un 'après' cette soirée calamiteuse du vendredi 16 mars 2012 sur Canal Plus. Ce jour-là restera gravé dans la mémoire des téléspectateurs qui sont aussi des citoyens et des électeurs comme celui qui a vu disparaître les prétentions d'indépendance de la chaîne à péage."

    Qu'aurait-il fallu pour plaire à ce téléspectateur ? Que Canal Plus fournisse des tomates pourries au public de l'émission ? Que Nicolas Sarkozy soit accueilli par des crachats, des insultes, voire des coups ? Qu'on lui refuse un siège ? On ne sait pas, Thierry de Cabarrus ne précise pas sa pensée sur ce point. 

    Les critiques pleuvent sur les animateurs qui n'ont même pas sorti le plus petit fer rouge face à l'Ogre de l'Élysée. Ni Denisot, ni Aphatie, ni aucun autre n'a envoyé la moindre insulte. Pire ! Imaginez donc, mesdames, mesdemoiselles et messieurs, imaginez, ces animateurs pourris ont souri au Président ! Qu'on les pende sans tarder ! Sales traîtres !

    L'indispensable séance nostalgie du billet vient nous rappeler le temps où Canal Plus était une chaîne qui savait se tenir, où la droite était honnie, où l'on respectait les vraies valeurs ! Le temps de "Nulle part ailleurs" avec Philippe Gildas et Antoine de Caunes, des combattants honnêtes et courageux ! C'est le problème avec les souvenirs, on a tendance à embellir la réalité...

    Tout le texte n'est ainsi fait que de l'amertume d'un homme qui a confondu émission de divertissement et interrogatoire musclé. Le plus drôle est probablement que, pas un instant, l'auteur n'imagine que, peut-être, Nicolas Sarkozy n'est pas le monstre qu'il a imaginé, qu'il est peut-être plus cultivé qu'on a bien voulu lui faire croire, que c'est peut-être un homme brillant, intelligent et plein d'humour. Non, le Président ne peut être qu'une brute bas de plafond et les animateurs auraient dû le prouver. Salauds ! Le peuple aura leur peau !

    Ou pas...

    Retrouvez Delphine Dumont sur son blog et sur son compte Twitter

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