C’est une facette peut explorée de Manuel Valls sur laquelle s’est penché le quotidien L’Opinion mardi 28 avril : son activité sur Twitter. Une enquête dont ils ressort que la réactivité et l'intelligence des situations médiatiques sont les deux mamelles de la stratégie vallsienne sur le réseau social.
En apparence, Manuel Valls est bien moins actif que son prédécesseur sur le réseau social. Alors que la parole numérique de Jean-Marc Ayrault inondait le fil de ses abonnés via le compte @Matignon (4441 messages en un peu moins de deux ans), celle de Manuel Valls, qui gazouille en son nom propre, se veut beaucoup plus parcimonieuse (441 tweets en huit mois).
Une économie de mots que la petite équipe chargée de piloter le compte @manuelvalls justifie en ces termes :
"[Twitter], c’est un canal média à part entière. Rien ne sert de tweeter à tort et à travers, un tweet c’est une idée que l’on diffuse avec souplesse et singularité, où l’initiative revient toujours à Manuel Valls.
"
En bon pro de la com’ (dont il était le responsable attitré sous Lionel Jospin et lors de la campagne présidentielle de François Hollande), l’actuel chef du gouvernement préfère concentrer ses interventions sur les sujets à fort potentiel médiatique plutôt que d’occuper le terrain de manière ininterrompue. Explications de son entourage :
"Dès qu’un évènement majeur survient, on a désormais le 'réflexe tweet', repris immédiatement par les agences de presse et les chaînes d’information. En 140 signes, par le biais des reprises médias, vous touchez des millions de Français.
"
Attentats de janvier, crash de l’Airbus de la Germanwings… Manuel Valls retrouve alors son omniprésence de ministre de l’Intérieur.
Le locataire de Matignon tient également à se démarquer du style assez institutionnel de Jean-Marc Ayrault, selon L’Opinion. Ce qui donne quelques messages au ton plus personnel, comme cette exclamation enthousiaste après une victoire du PSG ou cette photo tout sourire lors des célébrations du nouvel an chinois à Paris.
La com’ de Manuel Valls sur Twitter reste pourtant encore en rodage. Avec quelques 180 000 abonnés, l’ancien locataire de Beauvau fait mieux que son prédécesseur (79 000 pour le compte @Matignon, 172 000 pour celui de @jeanmarcayrault), mais reste encore très loin de celui de François Hollande (956 000 abonnés, et ce malgré le peu d'estime que le président a pour les réseaux sociaux).
[BONUS TRACK] Fillon et les "radio-pirates"
S’il est aujourd’hui possible aux responsables politiques d’élaborer une véritable stratégie de communication sur Twitter, il n’en a pas toujours été ainsi. François Fillon avait ainsi eu maille à partir avec plusieurs comptes parodiques à l’époque où il était Premier ministre, rappelle L’Opinion. Interrogé par le quotidien, un de ses ex-collaborateurs abonde a posteriori :
"À l’époque, les comptes 'corporate' n’étaient pas dans l’air du temps. Sur Twitter, c’était un peu radio-pirate et nous n’aurions pas eu les ressources pour organiser une parole officielle.
"
C’est sans doute pour cette raison que François Fillon lui-même tweetait de manière anonyme, via le compte @fdebeauce. Avant d’être débusqué par un prof d'informatique.