Le revirement d'Anne Hidalgo sur le travail du dimanche

Publié à 17h05, le 25 avril 2013 , Modifié à 17h25, le 25 avril 2013

Le revirement d'Anne Hidalgo sur le travail du dimanche
18 avril 2013 (Maxppp).

PASSION ARCHIVES - A l'époque, elle était première adjointe au Maire de Paris Bertrand Delanoë. Aujourd'hui, elle est toujours première adjointe, mais est devenue candidate à la Mairie de Paris. Anne Hidalgo s'est prononcée mercredi 24 avril en faveur d'une renégociation des zones touristiques parisiennes, qui permettent l'ouverture des magasins le dimanche.

Problème ? Elle ne partageait pas cet avil le 8 juin 2010, dans une tribune donnée au journal Les Echos. Anne Hidalgo se dit alors fermement opposée à une extension des zones touristiques à Paris. Elle se veut alors protectrice des commerces de proximité, et écrit :

Il apparaît sans ambiguïté que l'extension des zones autorisant le travail dominical à destination de la seule clientèle touristique ne profiterait qu'aux grands magasins.

Anne Hidalgo va plus loin. Elle place ensuite le débat au-delà des enjeux économiques et sociaux, sur le terrain philosophique :

Voulons-nous un monde où tout serait soumis à la logique marchande ? Ou un monde qui laisse leur part à la vie sociale et familiale, à l'intimité, à la culture ?

Une position réaffirmée quatre mois plus tard, dans son livre Travail au bord de la crise de nerfs, comme le relevait le JDD. Anne Hidalgo, inspectrice du travail de profession, écrit notamment :

Les études montrent que l'extension des zones touristiques profiterait aux seuls grands magasins et pénaliserait les petits commerces qui n'auraient pas les moyens économiques de faire face à la concurrence. 

Enfin, les principales victimes de ces extensions seraient les femmes, majoritaires parmi les employés du commerce 

Dans son interview aux Echos mercredi 24 avril, Anne Hidalgo affirme qu'elle est "prête à revoir cette carte des zones touristiques à Paris". Mais précise vouloir "que la condition soit celle du dialogue social". Et le dialogue social passe souvent par le volontariat des salariés dans ce dossier.

Dans ce même livre, Anne Hidalgo affirme pourtant que le concept de volontariat n'est qu'un leurre :

En réalité, on voit que le volontariat ne peut pas être garanti ; en aucun cas pour des zones touristiques. [...]

Contacté par Le Lab, le président du comité de soutien d'Anne Hidalgo, Jean-Louis Missika, également adjoint au maire en charge de l'innovation, affirme qu'il n'est pas interdit de changer d'avis. Et soutient qu'Anne Hidalgo, sur ce sujet, se fait "pragmatique" :

Le fait que ça puisse évoluer n'a jamais été contesté ni par Anne Hidalgo, ni par Bertrand Delanoë.

 
Et d'affirmer que la position d'alors d'Anne Hidalgo est à remettre dans son contexte: le gouvernement de l'époque était à droite et Nicolas Sarkozy avait fait de l'ouverture des magasins le dimanche un combat personnel :
 
 

Pendant toute une période, il y avait une volonté du gouvernement de déposséder Paris de ses prérogatives.

 
 
Bertrand Delanoë, interrogé sur le sujet sur France Inter, affirme ce jeudi qu'Anne Hidalgo "est dans son rôle de préparer l'avenir", et défend lui aussi le "pragmatisme de la candidate socialiste :
 
Voir le passage à 8'00:
 

Mais ces déclarations d'Anne Hidalgo ne passent pas dans la majorité parisienne. Le président du groupe communiste au Conseil de Paris, Ian Brossat, a dénoncé dans un communiqué "une déclaration de guerre au monde du travail". L'entourage de l'élu communiste va même jusqu'à déclarer au Lab que ce revirement pourrait sérieusement remettre en question les accords électoraux entre le Parti socialiste et son partenaire de gauche.

Du rab sur le Lab

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