Législatives : gros revers pour le FN qui obtient 538.050 voix de moins qu’en 2012

Publié à 06h07, le 12 juin 2017 , Modifié à 09h17, le 12 juin 2017

Législatives : gros revers pour le FN qui obtient 538.050 voix de moins qu’en 2012
© PATRICK HERTZOG / AFP

Le Parti socialiste n’a pas le monopole de la déculottée. Si le parti de la rue de Solférino a connu une défaite historique lors du premier tour des élections législatives, dimanche 11 juin, le Front national subit aussi un gros revers.

Le parti de Marine Le Pen obtient 2.990.613 voix, soit 13,20% des suffrages exprimés. Certes, le FN recule traditionnellement entre le premier tour de l'élection présidentielle et celui des législatives. Mais cette année, ce recul est plus important que jamais : le parti d’extrême droite passe de 21,30% à environ 13,20%, ce qui donne plus de quatre millions de voix évaporées. Au premier tour des législatives en 2012, le FN avait obtenu 3.528.663 voix, soit 13,60%. Un recul de 538.050 voix.

Qualifiée pour le second tour de la présidentielle, Marine Le Pen avait obtenu 7,7 millions de voix le soir du 23 avril.

Obtenir un groupe parlementaire, longtemps objectif minimum pour les frontistes, paraît désormais hors de portée, d'autant que la forte abstention réduit à quasi-néant les triangulaires, qui avaient permis au FN de remporter ses deux circonscriptions en 2012 (Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse, Gilbert Collard dans le Gard). Plusieurs figures frontistes ont été balayées dès le premier tour, tel Nicolas Bay (Seine-Maritime), patron de la campagne FN pour les législatives; Jean-Lin Lacapelle (Bouches-du-Rhône), secrétaire général adjoint du parti, le comédien Franck De Lapersonne (Somme).

Rare éclaircie pour le parti, Marine Le Pen, à nouveau candidate dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où se trouve la mairie FN d'Hénin-Beaumont, est en position très favorable, avec 46% des voix au premier tour.

Alors que les frontistes avaient surligné 45 circonscriptions "gagnables", où Marine Le Pen a dépassé 50% au second tour de la présidentielle, quelques rares circonscriptions semblent encore jouables pour le FN : Bruno Bilde et José Evrard (Pas-de-Calais), Sébastien Chenu (Nord), Emmanuelle Ménard (Hérault). A contrario, Gilbert Collard (Gard) connaît une situation compliquée, comme Louis Aliot (Pyrénées-Orientales), Florian Philippot (Moselle), Stéphane Ravier (Bouches-du-Rhône).

"110 candidats FN sont qualifiés au second tour contre 61 en 2012 : une indéniable progression !", s'est félicité Nicolas Bay. Mais cette supposée "progression" ne peut cacher que le résultat de 2012 était supérieur en voix comme en pourcentage, alors que jusqu'ici Marine Le Pen avait toujours progressé d'un même scrutin à l'autre.

Depuis son QG de campagne d'Hénin-Beaumont, celle qui avait proclamé le FN "première force d'opposition" le soir du premier tour de la présidentielle a mis en cause "l'abstention catastrophique" qui "pénalise" son parti et le scrutin majoritaire à deux tours, le FN réclamant l'instauration de la proportionnelle qui lui avait permis de faire élire 35 députés en 1986. Marine Le Pen a surtout appelé ses partisans à la mobilisation, tablant sur des "réserves de voix considérables" pour l'emporter dans "plusieurs circonscriptions".

Mais ses lieutenants ont eux parfois été moins enthousiastes. Florian Philippot, vice-président du parti, a reconnu une déception, Nicolas Bay un "tassement plus important" que prévu. "Les électeurs du Front ne sont pas allés voter", a tranché à l'AFP l'eurodéputée philippotiste Sophie Montel. "Y'en a qui sont en marche, nous on s'est mis en pause" a dit, dépité, Jean-Lin Lacapelle à l'AFP. "Les gens aujourd'hui ont voté plages, barbecues et soleil. Il ne faudra pas se plaindre dans 6 mois!" a ragé sur Twitter le sénateur FN Stéphane Ravier.

Cette déconvenue va provoquer une baisse de la subvention publique annuelle du FN par rapport à 2012, largement basée sur le nombre de suffrages obtenus lors du premier tour de ce scrutin, et ce alors que le parti dit manquer d'argent. Surtout, ce score devrait raidir encore le débat interne sur la "refondation" du FN, déjà alimenté par le retrait temporaire de Marion Maréchal-Le Pen de la politique, l'échec de l'alliance avec Nicolas Dupont-Aignan et les menaces de Florian Philippot de quitter le parti si celui-ci renonçait à la sortie de l'euro. "Il y aura du sang sur les murs au congrès", prévu pour fin 2017 début 2018, pronostique un conseiller régional FN interrogé par l'AFP.

"On a payé surtout sur le terrain l'euro et le débat présidentiel" de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron, "raté" du propre aveu de la présidente du FN, avance un responsable départemental.





[EDIT] 09h03

Interrogé sur ces chiffres sur Europe 1, Florian Philippot, numéro 2 du FN relativise. Le candidat arrivé en tête dans la 6ème circonscription de Moselle ressort tous les chiffres et explique : 

 

"

C’est le cas de l’ensemble des partis y compris monsieur Macron vu le niveau abstention absolument massif. Je crois qu’il faut plutôt comparer par rapport aux législatives en 2012, on passe de 3.5 millions à 3 millions de voix mais dans le même temps les républicains passent de 7 millions à 3.6. Ils divisent par deux leur nombre de voix c’est beaucoup plus massif donc que nous en terme de baisse. Et le parti socialiste, là j’en parle même pas on passe de 7.6 millions à  1.7 million  donc moins 6 millions de voix.  

"

En clair,  c'est pas terrible pour le FN mais pour les autres c'est pire.

 

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