Les attaques de Marine Le Pen contre Nicolas Sarkozy et Bygmalion contredisent-elles sa ligne de défense dans l'affaire du financement du FN ?

Publié à 12h48, le 18 mars 2016 , Modifié à 13h03, le 18 mars 2016

Les attaques de Marine Le Pen contre Nicolas Sarkozy et Bygmalion contredisent-elles sa ligne de défense dans l'affaire du financement du FN ?
Marine Le Pen © PATRICK HERTZOG / AFP

Il y a de grosses différences entre l'affaire Bygmalion qui empoisonne feu-l'UMP et le dossier Riwal qui concerne le Front national. Mais il y a aussi une grande similitude : la ligne de défense des deux ténors concernés.

Challenges révèle jeudi 17 mars ce que Marine Le Pen a déclaré au juge Renaud Van Ruymbeke lors de son audition du 5 janvier comme témoin assisté dans l’affaire du financement des campagnes du FN. La cheffe frontiste a tenu une ligne défense claire : elle ne savait rien. La justice suspecte le parti d'extrême droite de s'être illégalement enrichi en surfacturant, par le biais de la société Riwal, les frais de campagne pour les campagnes de 2012.

Mais, devant Renaud Van Ruymbeke, Marine Le Pen explique qu'elle n'avait aucun moyen de savoir tout ça. Quand le juge lui demande comment elle explique que sa propagande pour la dernière campagne présidentielle a coûté moins de 700.000 euros à Riwal mais que l'État a remboursé 2,56 millions d'euros à l'agence, la présidente du FN répond :

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J’ai donné une subrogation à Riwal. Je n’avais aucune possibilité d’avoir la moindre vision.

 

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Idem lorsqu'elle est interrogée sur le fonctionnement de Jeanne, son micro-parti. Jeanne vendait aux candidats frontistes aux dernières départementales un kit de campagne fabriqué par Riwal, kit que la société est suspectée d'avoir surfacturé . Les grandes marges ainsi obtenues auraient pu être reversées au FN par le biais de rétrocommissions. La défense de Marine Le Pen est identique :

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Je n’avais aucune raison d’être informée des relations entre Jeanne et Riwal.

 

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Cette ligne de défense adoptée par Marine Le Pen ressemble à s'y méprendre à celle choisie par Nicolas Sarkozy lorsqu'il a été entendu dans le cadre de l'affaire Bygmalion. L'ancien chef de l'État est très clair : il ne savait rien de ces dépassements de compte de campagne. Impossible selon la présidente du FN qui, en mai 2014, alors qu'éclatait l'affaire Bygmalion, se montrait très violente à l'égard de Nicolas Sarkozy  : 

 

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C'est scandaleux, c'est une triche à l'échelle industrielle, 23 millions d'euros de dépenses supplémentaires. Que personne ne vienne me dire que le patron de l'UMP n'était au courant de rien, que le candidat n'était au courant de rien, c'est juste impossible.

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À l'époque, Marine Le Pen considérait donc que le candidat Nicolas Sarkozy était forcément au courant du dépassement des dépenses de sa campagne. Mais aujourd'hui, dans une affaire qui concerne son camp, la présidente du FN estime qu'elle n'avait "aucune possibilité d’avoir la moindre vision" des écarts de facturations opérés pour sa propre campagne présidentielle… 

Le 19 février, L'Express publiait l'intégralité de l'échange entre Nicolas Sarkozy et les juges Serge Tournaire et Roger Le Loire quelques jours plus tôt. L'ancien chef de l'État avait alors expliqué ne pas être au courant des dépassements de budget de sa campagne de 2012. Il avait dit :

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Je n'en savais rien. Je n'en sais rien. J'ai signé le compte de campagne ce qui implique ma responsabilité administrative, mais pas ma responsabilité pénale.

 

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En septembre 2015, déjà interrogé dans le cadre de cette affaire, Nicolas Sarkozy avait déclaré, selon des infos de L'Obs :

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J'étais préoccupé [par le fait] de gagner les élections. Quant à la maîtrise des coûts, elle relevait de la responsabilité de mon équipe.

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Quand il s'agit de se défendre, la présidente du FN et son homologue de LR sont donc plutôt raccord. Ils ne savaient rien et c'est, selon eux, normal vu leurs responsabilités. Sauf que Nicolas Sarkozy ment alors que Marine Le Pen dit la vérité... Enfin selon Marine Le Pen.

 

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