Le grand retournement de Valérie Pécresse sur la déchéance de nationalité

Publié à 11h36, le 18 mars 2016 , Modifié à 11h38, le 18 mars 2016

Le grand retournement de Valérie Pécresse sur la déchéance de nationalité
Avant / après : rien à voir. © Gif Le Lab

CONSTANCE - La déchéance de nationalité, ou l'auto-contradiction pour tous. Après François Hollande qui juge que cette mesure est une "chose de droite de l’ordre du symbolique et qui n’apporte rien à la lutte contre le terrorisme" et souhaite donc *logiquement* la faire entrer dans la Constitution quatre mois plus tard (après les attentats de novembre), voici venir Valérie Pécresse qui est en même temps absolument pour et contre la déchéance.

Ou l'histoire d'un grand retournement en l'espace de trois mois.

# Contre

Vendredi 18 mars, la présidente LR de la région Île-de-France exprime toute son opposition à l'article 2 du projet de révision constitutionnelle. "Non à la déchéance de nationalité dans la Constitution", écrit-elle sur Twitter, précisant qu'elle est à la fois contre le fait de créer des apatrides et celui de cibler les binationaux.

La déchéance, c'est donc non, quelle que soit la forme que celle-ci prendrait.

# Pour

Soit l'exact opposé de ce qu'elle prônait il y a encore quelques semaines. Comme l'a repéré une journaliste de Libération, la même Valérie Pécresse disait au contraire, le 6 janvier, le plus grand bien de la constitutionnalisation de la déchéance de nationalité pour tous les Français condamnés pour terrorisme. Sur BFMTV, elle avait alors déclaré :

"

Est-ce que cette mesure est efficace ? Elle est pour moi nécessaire, il faut rendre sa valeur à la nationalité. La nationalité française, c'est un privilège. Quand on porte les armes contre sa propre nation, on ne mérite pas cette nationalité.



Je suis aussi favorable à un traitement uniforme pour tous les Français, j'ai beaucoup de mal à comprendre qu'on fasse une différence entre les binationaux et les Français qui auraient une seule nationalité. [...] Je suis plutôt favorable à une déchéance qui serait une sanction qui frapperait tous ceux qui portent les armes contre leur pays. Si créer des apatrides n'est pas concevable et pas faisable, si ça n'est pas possible, je suis favorable à la déchéance pour les binationaux et à une sanction exemplaire, comme l'indignité nationale.

"

Ou comment dire absolument tout et son contraire en un temps record. Ce n'est pas la première fois que Valérie Pécresse se livre à un tel revirement. Elle qui voulait "démarier" les couples homosexuels en novembre 2012 avait jugé, deux ans plus tard, que l'abrogation de la loi Taubira n'était "pas humainement réaliste". Pour expliquer ce changement de pied, elle avait déclaré :

 

"

Sur le mariage homosexuel, j’ai changé d’avis parce que tout simplement j’ai réfléchi.

"

C'est peut-être ce qui lui est aussi arrivé au sujet de la déchéance...

Notons au passage que cette prise de position intervient alors que le débat est clos ou presque, puisque la déchéance de nationalité sera selon toute vraisemblance abandonnée, du fait du désaccord insoluble entre l'Assemblée nationale et le Sénat sur ce sujet.

Du rab sur le Lab

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