La fierté nationale du jour, c’est The Artist. Le film a remporté 5 oscars, dont celui du meilleur film. Tête d’affiche, Jean Dujardin a empoché la statuette du meilleur acteur. Une première pour un comédien français.
Pour cela, il a du mener une rude campagne. Dans les festivals, sur les plateaux télé, face aux journalistes. Pour gagner aux oscars, le parcours ressemble à une campagne électorale. Leçon de séduction, selon Jean Dujardin.
Jouer sur l’humour
Sur sudouest.fr
Jean Dujardin ne maîtrise pas très bien la langue anglaise. Même Nicolas Sarkozy, qui n’est pas un spécialiste, se moque de lui à ce sujet. Comme en politique, le politique ne peut pas être bon sur tous les sujets. Et dans ces cas-là, la méthode Dujardin, c’est l’humour.
Quand il n’est pas à l’aise avec la langue, le comédien de The Artist peut imiter Robert De Niro ou faire le chameau, comme sur ce plateau de talk show :
Avoir un homme puissant dans l’ombre
Toute campagne se gagne aussi avec des hommes de l’ombre, comme dans la série de France 2. Pour le film de Michel Hazanavicius il s’agit de Harvey Weinstein. Le producteur et distributeur a fait un travail intense de lobbying. Président de la Weinstein Company, il connait tout de la course aux Oscars. Il a mené à la statuette des films comme Shakespeare in Love, le Discours d’un roi ou le Patient anglais.
Les candidats à l’Elysée devront aussi compter sur des équivalents. Les hommes ou femmes de l’ombre capable de couler les adversaires, relancer une côte de popularité ou avoir une fulgurence de génie.
Ecumer les plateaux télé
Aux Etats-Unis, pour draguer l’Académie, l’équipe du film a du se plier au jeu médiatique. Pour séduire les électeurs, c’est aussi un passage obligé pour les candidats à l’élection présidentielle.
Jean Dujardin au Tonight Show de Jay Leno :
Jean Dujardin au Late Show de Jimmy Fallon :
Bérénice Béjo, chez Ellen Degeneres :
Jouer la carte de l’Histoire
Les politiques ont Jaurès, De Gaulle, Blum ou Mitterrand. L’équipe de The Artist a fait appel à Carmen et Dolores Chaplin, les petites filles du mythique acteur. C’est une technique du stratège Harvey Weinstein. Un consultant dit même que “l'un de ses vieux trucs consiste à se trouver un ‘champion’, quelqu'un qui apportera une légitimité à son film”. Là, c’est la filiation même de Charlie Chaplin qui trouve le film formidable. Joli coup.
Avoir un animal fétiche
Vous pensez que le film fonctionne grace à la performance de Jean Dujardin ? En fait, c’est le chien Uggie qui fait tout. Le jack-russel du film est devenu un véritable phénomène. Il a même remporté le Collier d’or, récompense réservée aux meilleurs animaux dans les films.
Dans sa campagne américaine, Weinstein fait feu de tout bois. Quand il mesure combien le chien Uggie, le jack russell du film, ex-champion de skate-board, plaît au public, il en fait son 'chien-sandwich', comme on dit 'homme-sandwich'.
Nationaliser la campagne
Sur lexpress.fr
Une des raisons du succès du film aux Etats-Unis tient à l’américanisation de The Artist. En effet, beaucoup d’américains ignorent que ce film est français. Michel Hazanavicius rend hommage au cinéma américain, avec un film muet, qui se déroule à Hollywood. La fibre patriotique est soignée.
Par ailleurs, la promotion aux Etats Unis a été axée sur le côté américain. Résultat : le film n’est pas relégué dans la ligue 2 des oscars, la catégorie des meilleurs films étrangers.
Les candidats à l’Elysée ont aussi compris que l’élection ne se jouerait pas sur des questions internationales. Du coup, ils ont tous la “France” dans la bouche.
Être patient
Les grandes victoires se construisent avec les petits succès. Avant de remporter les Oscars, le chemin a été long. Petits prix comme prestigieuses récompenses, The Artist a gagné des dizaines de fois depuis un an. Mais le chemin a été long. Du festival du film de Telluride dans le Colorado à celui de Toronto, en passant par Cannes, le mot clé a été le terrain. Le terrain, le terrain, toujours le terrain, voilà une bonne leçon pour les politiques.
Et avant même de rencontrer ce succès, la production d’un film muet, en noir et blanc, en 2012, a pris du temps. Il a fallu pour Michel Hazanavicius et Thomas Langmann convaincre les financiers de croire à ce projet à l’heure du cinéma en 3D. Pas simple. Mais patience est mère de toutes les vertus, dit l’adage populaire …
Ne pas partir gagnant
Sur premiere.fr
Sans être faux modeste, Jean Dujardin a démarré cette campagne en outsider. Voire en petit poucet de la compétition. Au magazine Première, il confiait deux mois avant les Oscars son scepticisme quant aux chances de gagner.
Le film, peut être, mais certainement pas moi.
Cela sonne comme un avertissement au favori des sondages, François Hollande, qui pourrait en tirer une leçon, ou au tenant du titre, Nicolas Sarkozy, qui n’a aucune garantie sur sa réélection.