Elle ne prononcera pas le mot "raciste", mais c'est tout comme. Invitée de RTL ce 2 décembre, Aurélie Filippetti, qui organise ce lundi une soirée contre l'intolérance au Théatre du Rond-Point à Paris, établit un lien net entre retour du racisme et progression du Front national dans les sondages. Pour elle, le parti de Marine Le Pen "s'appuie sur de bas instincts".
La ministre de la Culture commence ainsi :
"Le Front national repose sur la peur et la haine de l’autre. Le racisme est l’un des visages de la peur et de la haine de l’autre.
"
Mais trouvera toutes les esquives langagières pour ne pas dire que le FN *est* raciste, malgré l'insistance de Jean-Michel Aphatie. "Le FN est-il raciste ?", tente-t-il une première fois. Réponse :
"Le Front national s’appuie sur un certain nombre de bas instincts et flatte ces bas instincts.
"
"C'est un parti raciste ?", deuxième tentative. Réponse :
"On sait que c’est un parti connu pour des prises de position de ses dirigeants, notamment Jean-Marie Le Pen,qui ont été condamnés par la justice.
"
Un peu plus loin dans l'interview, la ministre définit la politique prônée par le FN comme "xénophobe" :
"Ce que l’on constate c’est que sur le terrain, évidemment qu’il s’appuie [le FN, ndlr] sur une stratégie d’exclusion. La préférence nationale est par définition xénophobe.
Faire une préférence nationale quand des gens travaillent en France, paient leurs impôts en France et doivent bénéficier des mêmes droits que tous ceux qui vivent sur notre territoire, oui c’est de la xénophobie.
"
Un peu plus loin dans l'interview, Aurélie Filippetti ne dira pas non plus, après un long soupir, si elle pense que le FN n'est pas un parti républicain. Et répondra ainsi :
"Ca veut dire quoi un parti républicain? Respectueux de l’Etat de droit ? Jusque-là heureusement le FN ne s’est pas inscrit dans une logique de milice privée, violente. (...)
Normalement c’est partager aussi un certain nombre de valeurs, la respublica, la chose publique, la chose qu’on partage … c’est un débat ancien l’appartenance ou non du FN au champ républicain.
Je considère évidemment que ce parti s’exprime dans les sondages, les urnes, ça veut surtout dire quelque chose du sentiment de mal-être d’une partie de la population, le désir d’exprimer une colère, un dégoût, la déception que procure l’action politique en générale.
"